https://open.spotify.com/episode/0OUW6F91vN9vKtjhWK6REc?si=MMbmcOZDTDS6KIOJh1ZSYg
top of page

Le développement scolaire, je suis seul avec mes élèves


"La solitude du professeur face à sa classe" - cette expression, fréquemment entendue dans les salles des professeurs du monde entier, traduit une réalité quotidienne qui peut sembler paradoxale : entouré d'élèves, l'enseignant se trouve pourtant souvent isolé dans sa pratique professionnelle. Comme le souligne François Muller dans ses travaux sur la professionnalisation des enseignants, "l'enseignement est l'un des métiers les plus collectifs dans ses finalités mais les plus solitaires dans sa pratique quotidienne". Cette situation d'isolement, loin d'être une fatalité, peut devenir le point de départ d'une démarche de développement professionnel enrichissante. John Hattie, dans ses méta-analyses récentes, rappelle que "les enseignants qui transforment leur solitude en opportunité de développement professionnel deviennent les plus efficaces dans leur pratique". Cette transformation nécessite cependant une approche structurée et une compréhension approfondie des mécanismes de développement professionnel en contexte isolé.

 

De la solitude professionnelle au développement professionnel

Comprendre l'isolement professionnel

L'isolement de l'enseignant dans sa classe est une réalité structurelle bien documentée, dont les implications méritent une analyse approfondie. Une étude menée en Ontario sur plus de 2000 enseignants révèle que 78% d'entre eux passent plus de 90% de leur temps professionnel seuls face à leurs élèves. Cette situation, comme l'analysent les chercheurs finlandais Sahlberg et Hargreaves dans leur étude comparative internationale, peut générer un sentiment de vulnérabilité professionnelle et freiner l'innovation pédagogique.

 

Les manifestations de cet isolement sont multiples. Sur le plan pédagogique, les enseignants rapportent une difficulté à évaluer objectivement leurs pratiques et à identifier leurs axes de progression. Sur le plan émotionnel, le manque de retour immédiat sur leurs choix pédagogiques peut générer une forme d'insécurité professionnelle. Helen Timperley souligne que cette solitude peut également limiter l'accès aux innovations pédagogiques et aux pratiques émergentes.

 

Cependant, la reconnaissance de cet isolement constitue la première étape vers sa transformation. Les travaux de recherche menés en Estonie démontrent que les enseignants qui parviennent à nommer et à analyser leur situation d'isolement sont plus à même de développer des stratégies d'adaptation efficaces.

 

Le paradoxe de l'autonomie isolée

L'autonomie professionnelle, souvent présentée comme un idéal pédagogique, peut paradoxalement renforcer l'isolement si elle n'est pas accompagnée de dispositifs de mise en réseau appropriés. Les études TALIS menées en Estonie montrent que 65% des enseignants considèrent leur autonomie comme un facteur d'isolement professionnel. Comme le note Helen Timperley dans ses travaux récents, "l'autonomie professionnelle ne doit pas être confondue avec l'isolement professionnel - la première est une force, le second une limitation à dépasser".

 

Cette distinction est particulièrement visible dans le système éducatif finlandais, où l'autonomie professionnelle est fortement valorisée tout en étant systématiquement accompagnée de dispositifs de collaboration. Les enseignants finlandais disposent d'une grande liberté pédagogique mais sont encouragés à participer à des communautés d'apprentissage professionnelles, même à distance.

 

L'expérience singapourienne offre un autre exemple éclairant : le programme "Teacher Autonomy Framework" associe systématiquement autonomie pédagogique et connexion professionnelle, notamment à travers des plateformes numériques dédiées et des temps d'échange structurés.

 

La classe comme laboratoire personnel

La transformation de la classe en laboratoire de recherche personnelle représente une approche prometteuse pour dépasser l'isolement professionnel. L'expérience japonaise des "lesson studies" démontre qu'un enseignant peut mettre en place une démarche rigoureuse d'observation et d'analyse de ses pratiques, même en situation isolée.

 

Les enseignants japonais ont développé des protocoles d'auto-observation structurée qui incluent :

- L'enregistrement vidéo régulier des séances d'enseignement

- L'utilisation de grilles d'analyse standardisées

- La tenue d'un journal de bord professionnel détaillé

- L'analyse systématique des productions d'élèves

 

Cette approche rejoint le concept de "praticien réflexif" développé par Donald Schön, qui souligne l'importance de la réflexion dans et sur l'action. Les recherches menées à Singapour montrent que les enseignants qui adoptent cette posture de chercheur dans leur propre classe voient leurs compétences professionnelles progresser de manière significative, même en l'absence de collaboration directe avec des pairs.

 

Test : faites-vous « valoriser », l’échelle de Cosgrove

 

Voici un outil en une démarche originale[1] qui permet aux élèves de réfléchir en termes positifs au comportement pédagogique de leur professeur selon quatre dimensions (maîtrise des contenus, relations avec les élèves, organisation et conduite de la classe, enthousiasme personnel), mixées dans dix groupes de qualification.

 

Consigne: dans chaque groupe, cochez AU MOINS une phrase, parmi les quatre propositions, qui vous semble le mieux se rapporter à votre professeur:

Nota : l’absence de mentions par les élèves peut indiquer à l’enseignant des pistes de rectification à prévoir sur son comportement pédagogique.

 


Restitution de la valeur- Toute consultation d’un groupe génère une attente ; les élèves ont été accrochés à la démarche et aux questions. Ils vont vous questionner sur ce que vous voulez en faire et s’attendent à bénéficier d’un retour d’information.

Après une première analyse en solitaire des items cochés, profitez-en pour faire une rapide synthèse, en indiquant trois points forts dans la relation pédagogique avec la classe, et trois points à améliorer ensemble. Donnez au groupe un autre rendez-vous de ce type, et ce sera avec un autre support ou une autre technique ; la dynamique est lancée ; les élèves ne vous regarderont plus de la même manière. Vous venez d’inviter la démocratie participative dans votre cercle et l’exercice de l’autorité n’en est que plus renforcé.


La focalisation sur les élèves, sur leurs manières d’apprendre, sur leurs spécificités, l’attention pour leur réussite se révèlent des déterminants de votre propre développement professionnel. En cela, deux dimensions peuvent ici être renforcée : d’une part, un travail sur les valeurs qui vous animent (éduquer/former), d’autre part, prendre appui sur quelques éléments issus des sciences cognitives.

 

Les stratégies pour rompre l'isolement

Le réseautage professionnel à distance

Collaboration, coopération, contribution sont consubstantielles au développement professionnel. A côté de communications écrites plus formelles ou plus institutionnelles (voir supra), la connexion aux réseaux, le partage des questions, la mutualisation des ressources, les échanges informels participent d’une routine positive tout aussi efficace à mettre en oeuvre; construire pas à pas son propre « réseau d’apprentissage professionnel » est l’affaire de chacun, suivant des modalités variées, enrichies par l’environnement numérique à disposition.

 

Comment créer de la vie sociale et professionnelle  à partir d’éléments conçus séparément  ou d’expériences sporadiques? Trois facteurs sont recherchés pour donner vie à l’invisible : 

 

-- d’abord des « savoir y faire » en masse critique des pratiques sociales et des usages numériques des réseaux sociaux en éducation : depuis dix ans pour les prémices, depuis cinq ans  dans un processus accéléré, les enseignants se constituent en réseaux sociaux[2], qui en affiliations disciplinaires,[3] qui en regroupement par degrés[4], qui en groupements d’intérêt professionnel[5].  Les interactions sont nombreuses sur twitter et intègrent dans le jeu les élèves eux-mêmes[6]. Initiatives et productions sourdent de toutes parts, sans encore de fédération ou d’inter-connexion organisées dans le champ de l’éducation et de l’innovation.

 

Le savoir-faire repose sur des connaissances particulièrement difficiles à codifier, ce type de ressource est également très mobile, dans un univers fondamentalement construit sur la liberté d’expression, l’interaction et le gratuit, et la nouveauté technologique, mais sans inscription formelle au niveau institutionnel. De fait des organisations aussi structurées, à défaut d’être structurantes, qu’un établissement, une académie, une institution, peuvent perdre de leur efficacité lorsque leurs ressources les plus précieuses - les individus - choisissent de les quitter ou de ne pas y contribuer (virtuellement).

 

Les réseaux qui fonctionnent sur la réciprocité et la communication entre égaux sont particulièrement adaptés à de tels individus. Ils apparaissent donc lorsque les connaissances ne se prêtent pas à un contrôle ou à une domination quelconque.  Les réseaux apparaissent lorsque les activités sont fortement complémentaires (pour être réalisées ou pour faire face à l'incertitude), la relation est alors plus à même de mener à un partage des informations importantes et à l'augmentation de la confiance.

 

-- Des solutions technologiques déjà là : après l’expérimentation de RESPIRE (pour « réseau d’échange de savoirs professionnels en innovation recherche et expérimentation) dans les années 2012-2015 Viaeduc.fr  prend le relais :  réseau social des enseignants, portés par CANOPE et des partenaires reprend l'approche « égocentrée » en matière d'organisation de l'information des réseaux sociaux publics : - « mes » informations - « mes » documents - « mes » discussions et partages - « mes » groupes de travail - « mes » contacts. La plateforme compte à présent plus de 130 000 comptes : et est nettement orientée vers la contribution et la production de ressources.

 

Il appartient donc à chaque personnel, de sa propre démarche, de s’inscrire (avec son mel professionnel en @ac-academie.fr ou @education.gouv.fr).  Il complète son profil pour disposer ensuite d’outils de publication et de partage. Il  peut créer ses groupes de travail, en définir les outils et les règles d'intégration ; chaque membre peut inviter qui il souhaite à le rejoindre ; l'activité de chacun est partageable avec son réseau

 

-          Gagner en rapidité et en fluidité.-  Dans un contexte d’éducation soumis à de forts changements, certes de réformes structurelles, aussi d’évolution de programmes mais surtout de modification des cadres (socle, évaluation, métier), les manières de faire et de s’en sortir, de bricoler son quotidien, d’inventer un peu chaque jour deviennent des composantes de la professionnalité : la mise en commun des pratiques et des ressources facilitent ces petits décalages/recalages, ces expérimentations du jour, et finalement ces ajustements aux cadres. C’est nettement moins coûteux, financièrement et mentalement, qu’une restructuration. Le réseau, pour peu qu’il garantit la fluidité des relations et une modération plus qu’un contrôle, dispose de cette propriété dynamique d’enrichir l’information dont il se saisit, d’accepter la confrontation et ses résolutions par les pairs.

 

-          Miser sur la confiance - Dans un réseau, où le ticket d’entrée offre déjà une garantie d’appartenance[7], dans une organisation où vous jouissez de l’autorité de choisir vos « contacts » et vos propres groupes d’intérêt,  le contrôle effectué par les pairs est beaucoup plus efficace que celui des supérieurs. Le consensus se substitue alors aux règles et aux procédures formelles. Plus le groupe est homogène, - et ici, il ne s’agit plus de statut ou de fonction, mais d’un intérêt signifié à entrer en relation, à échanger sur une problématique et à partager sa pratique- , plus la confiance est forte. Lorsque cette homogénéité est moins importante, les relations deviennent plus calculées et plus formelles.

 

L'exemple de Singapour illustre de manière particulièrement éclairante comment le réseautage professionnel peut transformer l'isolement en opportunité de développement. Le programme "Connected Teachers", lancé en 2020, a profondément modifié la manière dont les enseignants isolés construisent leurs liens professionnels. Au cœur de ce dispositif se trouve une plateforme numérique sophistiquée qui permet aux enseignants de participer à des communautés d'apprentissage virtuelles, chacune étant structurée autour de problématiques pédagogiques spécifiques.


Les résultats de ce programme, documentés sur trois années consécutives, témoignent de son efficacité remarquable. Les enseignants qui participent activement à ces réseaux professionnels voient leurs compétences se développer à un rythme particulièrement soutenu, avec une progression 40% plus rapide que leurs collègues non engagés dans le dispositif. Plus révélateur encore, la grande majorité des participants - près de 87% - rapporte une amélioration significative de leur sentiment d'efficacité professionnelle. Cette confiance accrue se traduit concrètement dans leur capacité à résoudre les défis pédagogiques quotidiens, avec un taux de résolution des problèmes qui s'est accru de 65% grâce aux échanges en réseau.

 

Le modèle singapourien tire sa force de son architecture soigneusement pensée. Au centre du dispositif se trouvent des forums thématiques animés par des experts reconnus, où les discussions sont guidées vers des objectifs pédagogiques précis. Ces espaces d'échange sont complétés par un système de mentorat virtuel personnalisé, permettant à chaque enseignant de bénéficier d'un accompagnement adapté à ses besoins spécifiques. Le dispositif intègre également des espaces collaboratifs où les ressources pédagogiques partagées font l'objet d'analyses et de commentaires approfondis par les pairs.

 

John Hattie souligne d'ailleurs que la réussite d'un tel système repose précisément sur sa structuration rigoureuse. Le réseautage professionnel ne peut porter ses fruits que lorsqu'il s'organise autour d'objectifs clairement définis et s'accompagne d'outils permettant d'évaluer concrètement son impact sur les pratiques pédagogiques. Cette approche structurée permet de dépasser le simple partage d'expériences pour construire une véritable dynamique de développement professionnel.


L'observation délocalisée

Le programme "Teaching across Borders" en Nouvelle-Zélande a profondément renouvelé l'approche de l'observation professionnelle pour les enseignants isolés. Ce dispositif innovant permet à chaque participant d'observer et d'analyser des pratiques pédagogiques dans des contextes éducatifs variés, que ce soit en présentiel ou à distance, selon une méthodologie rigoureusement élaborée.

 

La force du dispositif néo-zélandais réside dans la diversité de ses modalités d'observation. Les enseignants peuvent ainsi effectuer des visites physiques dans des établissements partenaires, mais également participer à des séances d'observation virtuelle en temps réel. Cette flexibilité s'enrichit d'un travail approfondi sur des séquences vidéo commentées, suivi d'échanges structurés qui permettent d'approfondir l'analyse des pratiques observées. L'articulation de ces différentes approches crée une expérience d'apprentissage professionnel particulièrement riche.

 

Les résultats de ce programme témoignent de son efficacité remarquable. La quasi-totalité des participants, soit 92% d'entre eux, rapporte avoir significativement modifié leurs pratiques pédagogiques suite à ces observations. Plus révélateur encore, l'impact sur les apprentissages des élèves est mesurable : les classes des enseignants participant au programme affichent une progression moyenne supérieure de 25% par rapport aux groupes témoins. Au niveau du bien-être professionnel, l'effet est tout aussi notable, avec une diminution de 60% du sentiment d'isolement après six mois de participation au programme.

 

Helen Timperley souligne d'ailleurs que la portée de l'observation délocalisée va bien au-delà du simple enrichissement des pratiques. Cette approche favorise le développement d'une véritable posture réflexive chez l'enseignant, transformant son regard sur sa propre pratique professionnelle.

 

L'auto-formation structurée

Le système éducatif finlandais a développé une approche particulièrement aboutie de l'auto-formation, qui constitue aujourd'hui un modèle de référence pour le développement professionnel en contexte isolé. Le cadre national d'auto-formation finlandais permet à chaque enseignant de construire un parcours de développement à la fois rigoureux et personnalisé, tout en bénéficiant d'un accompagnement institutionnel solide.

 

Au cœur de cette approche se trouve un outil d'auto-diagnostic professionnel sophistiqué. Les enseignants s'appuient sur des grilles d'évaluation standardisées et des indicateurs de progression minutieusement élaborés, qui leur permettent d'observer et d'analyser leur pratique avec précision. Ce travail d'auto-observation s'accompagne d'un portfolio de développement professionnel, véritable mémoire vivante de leur progression. Les enseignants y consignent leurs expérimentations pédagogiques, leurs réflexions et leurs analyses des productions d'élèves, créant ainsi un document riche qui témoigne de leur évolution professionnelle.

 

La validation des acquis constitue un autre pilier essentiel du modèle finlandais. Des critères d'évaluation explicites, combinés à des procédures de validation par les pairs, permettent une reconnaissance institutionnelle des progrès accomplis. Cette dimension formelle du processus d'auto-formation contribue significativement à sa légitimité et à son efficacité.

 

Les résultats de cette approche sont particulièrement probants. Une large majorité des enseignants finlandais, soit 85% d'entre eux, rapporte une amélioration significative de leurs compétences professionnelles. Cette progression se reflète directement dans les performances des élèves, qui montrent une progression moyenne supérieure de 30% dans les classes des enseignants engagés dans cette démarche. Le bien-être professionnel n'est pas en reste, avec une augmentation de 45% du taux de satisfaction professionnelle après une année d'auto-formation structurée.

 

Les impacts d'une démarche individuelle de développement

Les impacts d'une démarche individuelle de développement professionnel se manifestent à plusieurs niveaux et transforment profondément la pratique enseignante, comme le démontrent plusieurs études internationales.

 

La transformation de la pratique isolée

La transformation de la pratique isolée constitue le premier changement majeur observable. Le programme écossais "Solo but Connected" en offre une illustration particulièrement éclairante. Une étude longitudinale menée sur trois ans auprès de 500 enseignants révèle que 85% d'entre eux parviennent à redéfinir leur perception de la solitude : initialement vécue comme une contrainte, elle devient un véritable espace de liberté professionnelle après six mois d'engagement dans une démarche structurée. Cette évolution s'opère simultanément sur trois plans. Au niveau cognitif, les enseignants développent une pensée réflexive systématique, affinent leurs capacités d'analyse des situations pédagogiques et renforcent leur expertise disciplinaire.

Sur le plan émotionnel, on observe une réduction significative du stress lié à l'isolement, accompagnée d'un sentiment d'efficacité personnelle accru et d'une plus grande résilience professionnelle. Enfin, dans leur pratique quotidienne, les enseignants diversifient leurs approches pédagogiques, améliorent leur gestion de classe et innovent dans leurs méthodes d'évaluation. Les données écossaises soulignent la pérennité de ces changements, avec 92% des enseignants qui maintiennent leurs nouvelles pratiques trois ans après la fin du programme.

 

L'effet démultiplicateur  

Un deuxième impact majeur réside dans l'effet démultiplicateur de ces démarches individuelles. L'expérience du réseau espagnol "Profesores Conectados" met en lumière un phénomène remarquable : les enseignants qui s'engagent dans une démarche individuelle de développement professionnel deviennent fréquemment des catalyseurs de changement au sein de leur établissement.


Ce processus s'articule autour du partage informel des réussites avec les collègues, de la création spontanée de groupes d'échange de pratiques et d'un effet d'émulation professionnelle. Comme le souligne François Muller, paradoxalement, l'enseignant qui se développe en solitaire devient un point d'ancrage pour le développement collectif, générant un effet boule de neige bénéfique pour l'ensemble de la communauté éducative.

 

L'impact sur la relation pédagogique

Le troisième impact significatif concerne la relation pédagogique elle-même. Les recherches ontariennes, menées sur cinq ans, démontrent que les enseignants engagés dans une telle démarche développent des interactions plus riches avec leurs élèves. La communication pédagogique s'améliore, avec des consignes plus claires, un feedback de meilleure qualité et des interactions plus personnalisées. Le climat d'apprentissage se bonifie également, caractérisé par un engagement accru des élèves, des échanges plus qualitatifs en classe et une gestion plus positive des difficultés. Les résultats d'apprentissage s'en trouvent améliorés, tant au niveau de la progression académique que du développement des compétences transversales et de la motivation. Helen Timperley observe que la conscience professionnelle accrue résultant d'une démarche de développement personnel transforme fondamentalement la nature des interactions en classe, créant un environnement plus propice aux apprentissages.

 

L’isolement professionnel, caractéristique structurelle du métier d'enseignant, peut se muer en tremplin vers un développement professionnel enrichissant, moyennant une approche stratégique et structurée. Les exemples internationaux attestent de la multiplicité des approches efficaces pour transformer cette solitude en opportunité de croissance professionnelle[8].

 

Pour John Hattie, ce n'est pas l'isolement qui détermine l'efficacité professionnelle, mais la manière dont l'enseignant choisit de le transformer. Cette transformation exige un engagement personnel fort et une démarche méthodique, mais les bénéfices pour l'enseignant et ses élèves s'avèrent substantiels et durables. L'enjeu n'est donc pas de nier l'isolement physique de l'enseignant dans sa classe, mais de construire, à partir de cette réalité, des ponts vers un développement professionnel enrichissant et pérenne. Les expériences internationales démontrent que cette transformation est non seulement possible mais constitue souvent le point de départ d'une amélioration significative de la qualité de l'enseignement et des apprentissages.

 


[1] Echelle de Cosgrove, présentée dans la thèse de M. Linard (1973), repris par A. de Peretti, Recueil d'instruments et de processus d'évaluation formative, INRP, t.1, p.106

[3] Lettres.net pour les enseignants de … lettres ; ou les Clionautes pour les enseignants d’histoire-géographie, http://www.sesamath.net/ , pour ceux de mathématiques etc…. ; la majorité reste des lieux de capitalisation des ressources et de supports pour la classe ; peu encore prenne en compte le réseautage et l’échange synchrone.

[4] http://cartables.net/ par exemple pour un réseau de ressources à l’attention du premier degré dans le monde francophone

[5]Evidemment, le café pédagogique qui entend fédérer, à l’origine autour des pratiques enseignantes et des tice, puis peu à peu s’est orienté vers ce qu’il identifie comme « innovation pédagogique » ;  de fait, il est devenu plus un média d’information pédagogique sur le système éducatif, avec ses propres orientations, qu’un réseau  social d’échanges. Les contributeurs restent peu nombreux.

[6] Découvrir par exemple le vrai réseau d’échange de pratiques et d’interaction entre classes, entre élèves, à partir du site http://twittclasses.posterous.com/ 

[7] Uniquement par son mel professionnel, de sorte à éviter d’une part les spammeurs automatisés, d’autre part, les avatars faciles qui n’assumeraient pas leurs propres propos. Il est cependant possible sur demande d’autoriser d’autres personnes, quand elles s’identifient comme partenaires de l’Ecole.

[8] Références bibliographiques : Recherches et ouvrages académiques : HATTIE, J. (2023). Visible Learning: The New Science of How We Learn. Routledge. E TIMPERLEY, H. (2022). Professional Learning and Development in Schools and Higher Education. Springer. E HARGREAVES, A., & SAHLBERG, P. (2022). Teacher Collaboration in Finnish Schools: Culture, Practice and Professional Learning. Teachers College Press. E SCHÖN, D. (1983). The Reflective Practitioner: How Professionals Think in Action. Basic Books. - Études et rapports internationaux OCDE (2024). TALIS 2023 Results: Teachers and School Leaders as Lifelong Learners. - Ministry of Education Singapore (2023). Connected Teachers Program Evaluation Report. - New Zealand Education Review Office (2023). Teaching across Borders: Impact Study. - Scottish General Teaching Council (2023). Solo but Connected: Three Years Assessment. - Exemples de dispositifs nationaux Finlande : Finnish National Agency for Education (2023). Teacher Development Framework. - Japon :

- Japanese Ministry of Education (2023). Lesson Study Guidelines. - Ontario, Canada :  Ontario College of Teachers (2023). Professional Learning Framework. - Espagne : Ministerio de Educación (2023). Profesores Conectados: Informe de Impacto. - Estonie : Estonian Education Research Institute (2023). Teacher Autonomy Study. - Singapour : National Institute of Education (2023). Teacher Growth Model. - Ressources numériques et plateformes, Plateforme "Connected Teachers" (Singapour) : www.connectedteachers.edu.sg - Programme "Profesor en Desarrollo" (Espagne) : www.profesorendesarrollo.es - Réseau "Solo but Connected" (Écosse) : www.gtcs.org.uk/professional-update - Plateforme d'auto-formation finlandaise : www.oph.fi/en/education/teachers


 
et alors, les élèves ?

10 conseils pour les élèves afin de favoriser le développement professionnel de leurs enseignants

Les sources fournies se concentrent principalement sur les perspectives des enseignants et des chefs d'établissement concernant le développement professionnel. Elles n'abordent pas directement le rôle des élèves dans ce processus. Cependant, en analysant les informations disponibles et en tenant compte du rôle central des élèves dans la relation pédagogique, il est possible de formuler 10 conseils pour les élèves afin qu'ils contribuent au développement professionnel de leurs enseignants :


1. Communiquer clairement vos besoins et vos difficultés: N'hésitez pas à exprimer à vos enseignants ce que vous comprenez bien, ce qui vous pose problème, et ce qui vous aide à apprendre. Cette communication transparente leur permet d'adapter leurs pratiques et d'identifier les points à améliorer.


2. Participer activement en classe et vous engager dans les apprentissages: Votre implication et votre motivation sont des sources de satisfaction pour les enseignants et les encouragent à innover et à perfectionner leurs méthodes. Posez des questions, participez aux discussions, et montrez votre intérêt pour les sujets abordés.


3. Faire preuve de respect envers vos enseignants et vos camarades: Un climat de classe serein et respectueux est essentiel pour que les enseignants puissent se concentrer sur leur mission pédagogique et explorer de nouvelles approches.


4. Fournir un feedback constructif sur les cours et les activités: N'hésitez pas à exprimer votre avis sur ce qui fonctionne bien ou moins bien dans les cours, tout en restant respectueux et constructif. Vos commentaires peuvent aider les enseignants à ajuster leurs pratiques et à mieux répondre à vos besoins.


5. S'intéresser aux innovations pédagogiques et aux nouvelles technologies: Montrez votre enthousiasme pour les projets innovants et l'utilisation des outils numériques en classe. Votre curiosité peut encourager les enseignants à explorer de nouvelles pistes et à se former à de nouvelles technologies.


6. Accepter les erreurs et les changements comme des étapes nécessaires à l'apprentissage: Comprenez que l'apprentissage est un processus itératif qui implique des erreurs et des ajustements. Encouragez vos enseignants à expérimenter de nouvelles approches, même si elles ne sont pas parfaites dès le départ.


7. Encourager la collaboration entre vos enseignants: Suggérez des projets interdisciplinaires, des échanges de pratiques entre enseignants de différentes matières, ou des moments de partage et d'analyse collective.


8. Partager vos réussites et vos progrès avec vos enseignants: Leur montrer l'impact positif de leur travail sur votre apprentissage est une source de motivation essentielle pour les enseignants et les encourage à poursuivre leurs efforts de développement professionnel.


9. Soutenir les initiatives de vos enseignants pour améliorer l'école: Participez aux projets d'établissement, aux conseils d'élèves, et aux initiatives pour améliorer le climat scolaire.


10. Valoriser le métier d'enseignant et reconnaître l'importance de leur formation continue: Montrez votre gratitude envers vos enseignants pour leur engagement et leur dévouement, et encouragez-les à poursuivre leur développement professionnel.


Même si les sources ne mentionnent pas explicitement le rôle des élèves dans le développement professionnel des enseignants, il est évident que leur attitude, leur engagement et leur communication peuvent avoir un impact significatif sur la motivation et la capacité des enseignants à progresser dans leur pratique. En appliquant ces 10 conseils, les élèves peuvent contribuer activement à créer un environnement d'apprentissage plus stimulant et plus efficace pour tous.


Ce post est extrait d'une série de 20 textes sur les idées reçues en développement professionnel et surtout les dépasser. voir ici

La musique du jour


Commenti


bottom of page