Voyage à Blois, au pays des "constellations" et de l'accompagnement
- François Muller
- il y a 6 jours
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Au travers de 120 peintures, sculptures, gravures et dessins, l’exposition met en lumière la force poétique du langage pictural de Joan Miró, qui affirmait : « Un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème. » Souvent désigné comme un peintre abstrait, son recours à la poésie témoignait cependant d’une volonté de s’ancrer dans la réalité. Face aux atrocités des régimes totalitaires, elle devenait « tout ce qui restait alors en ce monde » pour exprimer sa souffrance, à l’image de la série « Constellations » osmose de formes et de couleurs réalisée pendant la Seconde Guerre Mondiale. https://m.artabsolument.com/fr/default/exhibition/detail/837/Joan-Miro-peintre-poete.html

A partir de la compilation de la consultation de 41 conseilleurs pédagogiques dans l'académie d'Orléans-Tours en novembre 2025, autour de 10 questions-clés portant sur l'accompagnement d'équipes en mode "constellation", nous avons retenu quelques points saillants sur l'accompagnement, dans la série de la "fabrique de l'accompagnement", éd. 2025, disponible ici.
5 vérités sur la formation des enseignants, révélées par ceux qui la font
Accompagner n'est pas ce que vous croyez
Quand on pense à la formation professionnelle, on imagine souvent un expert livrant un contenu théorique à un groupe d'apprenants. Pourtant, sur le terrain de la formation continue des enseignants, un modèle bien différent émerge : celui des "constellations". Cet article plonge au cœur de ce dispositif en distillant les leçons les plus surprenantes et contre-intuitives, tirées directement des retours d'expérience des Conseillers Pédagogiques qui animent ces groupes. Loin des grands discours, voici ce qui fonctionne réellement pour faire évoluer les pratiques en classe.
Leçon n°1 : La pire erreur est de se comporter en expert
Contrairement à l'idée reçue, la posture la plus inefficace pour un formateur est celle du "sachant" qui impose ses solutions de manière descendante. Les retours du terrain sont unanimes sur les actions à proscrire : "être directif, injonctif", "imposer une procédure" ou encore "confondre évaluer et accompagner". Cela s'explique par une réalité simple : les enseignants ne sont pas des réceptacles vides, mais des professionnels dotés d'une expertise existante. Le rôle du formateur n'est pas de remplacer leur savoir, mais d'agir en catalyseur de leur propre réflexion professionnelle. L'approche qui fonctionne est radicalement différente. Elle s'apparente à celle de "facilitateurs", de "pair expert" ou de "compagnonnage", visant à devenir un véritable "ami critique" : un partenaire bienveillant mais honnête dans la réflexion.
Avoir la posture de celui qui sait et considérer "les accompagnés" comme de simples exécutants.
Leçon n°2 : La confiance est le véritable programme de formation
L'élément le plus crucial pour la réussite de l'accompagnement n'est pas le contenu didactique, mais la qualité de la relation humaine. Les termes qui reviennent constamment dans les retours des formateurs pour décrire ce qui "marche bien" sont "la proximité", "la relation de confiance", "la convivialité", "l'écoute" et le "non jugement". Cette confiance est fondamentale : c'est elle qui permet aux enseignants d'ouvrir leur classe, d'échanger sur leurs pratiques sans crainte et d'oser expérimenter de nouvelles approches, en sachant qu'ils sont soutenus et non évalués.
La relation d’égal à égal
Leçon n°3 : Le point de départ n'est pas la théorie, mais la réalité de la classe
Les accompagnements les plus efficaces sont ceux qui sont profondément ancrés dans le quotidien des enseignants. Les formateurs insistent sur la nécessité de "partir du réel, de la pratique des formés", de "s'appuyer sur la réalité de la classe" et de "prendre appui sur les pratiques déjà existantes". Concrètement, cela se traduit par des dispositifs plébiscités comme la co-construction de séances, les visites croisées entre collègues et l'analyse de séances observées. Ces moments de partage d'expériences entre pairs sont systématiquement cités comme des facteurs de succès. La clé est de valoriser ce qui existe déjà pour le faire évoluer, plutôt que d'imposer un modèle théorique déconnecté.
Leçon n°4 : Le plus grand défi n'est pas la technique, mais la gestion de la résistance
Quand on interroge les formateurs sur leurs difficultés, la technique pédagogique arrive loin derrière les défis humains. La question la plus récurrente et la plus complexe est la gestion des enseignants "réfractaires" ou non volontaires. Les interrogations sans réponse dominent : "Comment gagner l'adhésion d'un formé qui ne souhaite pas faire évoluer sa pratique ?", "Comment faire bouger les pratiques face à des enseignants réfractaires à toute forme de changement ?", ou encore "Que faire des PE non investis ?". Cette réalité crue montre que l'accompagnement est autant un travail sur la psychologie du changement que sur la pédagogie.
Leçon n°5 : Le but n'est pas une solution, mais un "cheminement"
Les formateurs ne se voient pas comme des apporteurs de réponses toutes faites. Le mot qu'ils utilisent le plus volontiers pour décrire leur action est "cheminement". Ce terme est renforcé par tout un champ lexical qui évoque un processus continu et partagé : "guidance", "soutien professionnel", "avancer ensemble", "collaboration", ou encore "être avec". Ce qui est réellement accompagné, ce n'est pas la simple mise en place d'une nouvelle méthode, mais bien "la réflexion", "le développement professionnel" et "l'évolution des gestes professionnels" de chaque enseignant. Cela redéfinit la réussite : elle ne se mesure pas à l'adoption uniforme d'une nouvelle technique, mais à la capacité du formateur à enclencher et à soutenir une trajectoire de réflexion personnelle pour chaque enseignant.
J'accompagne le déplacement du curseur sur la ligne du développement professionnel.
Et maintenant, que reste-t-il ?
Ces leçons du terrain dessinent un portrait de l'accompagnement professionnel comme un art subtil, basé sur la confiance, l'écoute et un processus partagé. Cette réalité amène les formateurs eux-mêmes à se poser la question la plus fondamentale, une question qui nous concerne tous. Comme l'écrit l'un d'eux : "Que reste-t-il réellement de notre passage suite à un accompagnement ?"
Une invitation à repenser notre manière d'aider
Finalement, ces leçons nous enseignent que l'accompagnement efficace est moins une science de la solution qu'un art de la relation. Il repose sur une posture d'écoute, de patience et de co-construction plutôt que sur une expertise technique. Alors la prochaine fois que vous voudrez aider quelqu'un, posez-vous la question : et vous, au-delà des conseils, comment accompagnez-vous réellement le changement chez ceux qui vous entourent ?
Ce guide est conçu pour synthétiser et évaluer la compréhension des concepts, pratiques et défis liés au dispositif de formation en constellation, tel que décrit par les Conseillers Pédagogiques de Circonscription (CPC). Il explore la structure des constellations, les facteurs de succès, les écueils à éviter et les questions qui demeurent en suspens.
Quiz : Testez vos connaissances
Répondez aux questions suivantes en vous basant exclusivement sur les informations fournies dans le contexte. Chaque réponse doit comporter deux à trois phrases.
1. Qui sont les principaux participants aux formations en constellation, au-delà des Professeurs des Écoles ?
2. Décrivez un format type pour une session de constellation, en incluant la durée des regroupements et la fréquence.
3. Citez deux éléments clés qui, selon les formateurs, contribuent au succès d'un accompagnement en constellation.
4. Quelle est la posture ou l'attitude principale qu'un formateur doit absolument éviter en situation d'accompagnement ?
5. Quels sont les marqueurs qui indiquent à un formateur que son accompagnement est efficace ?
6. Proposez deux synonymes ou expressions alternatives pour le terme "accompagnement" utilisés par les formateurs pour décrire leur rôle.
7. Selon les réponses, qu'est-ce que les formateurs accompagnent principalement chez les enseignants ?
8. Quel est le défi récurrent le plus souvent mentionné par les formateurs concernant les enseignants accompagnés ?
9. Qu'est-ce qui aide principalement les Conseillers Pédagogiques (CPC) dans leur fonction d'accompagnement ?
10 Quelle est la taille typique d'un groupe de constellation, d'après les chiffres fournis ?
Corrigé du Quiz
Au-delà des Professeurs des Écoles (PE), les formations en constellation impliquent une variété d'acteurs du système éducatif. Les participants peuvent inclure des directeurs d'écoles, des formateurs, des enseignants spécialisés (RASED, ULIS), des remplaçants, des néo-titulaires, et même l'Inspecteur de l'Éducation Nationale (IEN) et les Conseillers Pédagogiques (CPC) eux-mêmes.
Un format type de constellation s'étend souvent sur 15 à 30 heures au total, réparties sur un semestre ou une année. Il comprend généralement 4 à 5 regroupements collectifs de 2 à 3 heures chacun, des visites en classe (de 30 minutes à une demi-journée) suivies d'entretiens, et parfois une journée de visites croisées entre pairs.
Deux facteurs de succès fondamentaux sont la création d'une relation de confiance et la démarche de partir du réel et des pratiques de terrain des enseignants. La co-construction, le partage d'expériences entre pairs et le fait que les enseignants choisissent leur sujet de travail sont également cités comme des éléments essentiels.
L'attitude à proscrire est la posture descendante, directive ou injonctive. Les formateurs soulignent l'importance de ne pas imposer une méthode, de ne pas juger les pratiques existantes et de ne pas se positionner en "sachant" ou en expert qui détient toutes les réponses.
Les marqueurs d'un accompagnement réussi incluent l'engagement actif des enseignants dans les échanges et les expérimentations, ainsi que le réinvestissement des nouvelles pratiques en classe l'année suivante (N+1). D'autres indicateurs sont l'évolution de la posture réflexive des enseignants, leur volonté de partager leurs outils et d'ouvrir leur classe.
Les formateurs utilisent plusieurs termes alternatifs pour "accompagnement" afin de nuancer leur rôle. Parmi ceux-ci, on trouve "guidage", "cheminement", "collaboration", "soutien professionnel", "étayage" ou encore "compagnonnage".
Les formateurs accompagnent avant tout la réflexion et le questionnement des enseignants sur leurs propres pratiques. Ils soutiennent également l'évolution de leurs gestes professionnels, leur développement professionnel global et leur capacité à analyser l'impact de leur enseignement sur les apprentissages des élèves.
Le défi le plus fréquemment mentionné est la difficulté d'accompagner les enseignants "réfractaires", "résistants", "non investis" ou qui ne voient pas l'intérêt de la formation. Gagner l'adhésion de ces collègues et faire évoluer les pratiques de ceux qui sont persuadés de ne pas avoir besoin de changer est une préoccupation centrale.
Les CPC sont principalement aidés par les échanges avec leurs pairs (autres CPC ou formateurs), qui permettent de prendre du recul et de partager des ressources. Les formations spécifiques pour formateurs (FodeFo), l'accès aux travaux de recherche et l'expérience de terrain sont également des soutiens cruciaux.
La taille typique d'un groupe de constellation varie, mais se situe le plus souvent entre 8 et 12 enseignants. Des exemples spécifiques mentionnent des groupes de 6 à 8, 7 à 10, ou jusqu'à 22 dans un cas pour le plan français.
Questions de Réflexion
Ces questions sont conçues pour encourager une analyse plus approfondie et une synthèse des thèmes abordés dans les sources. Aucune réponse n'est fournie.
En vous basant sur les témoignages, analysez la dualité du rôle de Conseiller Pédagogique en constellation. Comment les formateurs naviguent-ils entre la posture de "pair expert" et celle de "facilitateur" bienveillant, et quels sont les risques associés à un déséquilibre ?
Le suivi à long terme (N+1, N+2) et l'ancrage des nouvelles pratiques sont des préoccupations majeures. Discutez des défis liés à la pérennisation des effets de la formation en constellation et des solutions potentielles évoquées ou suggérées dans les textes.
La gestion de l'hétérogénéité des groupes et la résistance au changement sont des thèmes centraux. En vous appuyant sur les extraits, décrivez comment ces défis se manifestent et analysez les approches qui semblent les plus efficaces pour créer une dynamique de groupe constructive.
Évaluez le modèle de la constellation comme dispositif de développement professionnel. Quelles sont ses forces indéniables (proximité, collaboration, etc.) et quelles sont ses limites ou les questions structurelles qui restent sans réponse (gestion du temps, disponibilité des remplaçants, priorisation institutionnelle) ?
Le concept d'« accompagnement » est défini de multiples façons par les répondants (« cheminement », « coaching », « étayage », « aller avec », etc.). Synthétisez ces différentes visions pour construire une définition riche et complexe de ce que signifie accompagner un enseignant dans ce contexte spécifique.
Glossaire des Termes Clés





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