A l’instar du livre de Jean-Michel Zakhartchouk, Réussir ses premiers cours, , éd. ESF, et en hommage aux travaux importants de sa réflexion comme de celle des Cahiers pédagogiques, dans le cycle des Lettres à, écrite par (ou avec) d’André de Peretti telles que:
– Lettre aux enseignants débutants, 2004
– Quelques conseils pour la prise de fonction (sur le site Diversifier) ou les sages conseils de la Chouette
un groupe de formateurs du 1er degré à Paris, (directeur d’école, conseiller pédagogique, maitre formateur) pour clore son cycle de travail, consacré à l’accompagnement des enseignants débutants, s’est livré à un atelier d’écriture pour « réussir ses premiers cours » .
L’exercice s’est fait en deux volées de propositions ; des conseils en positif et des préventions en négatif, un peu comme un balisage de route avec ses panneaux de signalisation (bleu et rouge).
Chaque volée de propositions a pu faire l’objet d’une première analyse en trois catégories :
– ce qui ressort de la préparation des « cours
– ce qui ressort de la conduite de classe
– ce qui ressort du développement professionnel
Quelques conseils, précautions, questions accompagnantes pour la prise de métier
La préparation (ingénierie)
« Préparer la classe » (fiches de préparation sur une semaine)
Pour cela, sois bien au clair avec les programmes, ton niveau de classe, la sécurité des élèves (c’est-à-dire les exigences institutionnelles)
La conduite de classe (« tenue de classe »), gestes professionnels)
Traiter avec équité les élèves
Réguler les conflits entre élèves sans laisser les choses trainer
Penser avec pertinence le travail à la maison et le reprendre en classe
Veiller au climat de classe (place de la parole, réglè de vie, relations, organisation spatiale), ce qui construit le cadre
Regarde les élèves travailler
Organise le cadre et tiens le
Enrôle tes élèves
Dynamique, processus de développement professionnel
Considérer les élèves dans une dynamique de progrès
Venir à l’école avec plaisir
Identifie tes points forts pour éventuellement les réinvestir
Identifie les relais et les ressources dans la proximité
Reconnais tes besoins et tes attentes
Donne-toi des priorités et travaille par étapes dans ton propre développement professionnel, escompter sur le temps long pour entrer dans le métier. Faire le deuil de la maitrise totale de tout tout de suite.
Apprends des autres
Pense à toi pour être mieux avec les autres
Surtout, ne pas faire
Préparation
Sur-préparer pour ne plus laisser vivre ni respirer le groupe
Conduite de classe et vie de l’école
Négliger les demandes de l’enfant, celui qui est derrière l’élève.
Punir sans avoir réfléchi au rôle de la sanction
Faire preuve d’incohérence dans les exigences
Considérer les parents comme des ennemis
Fais attention à la relation que tu entretiens à tes élèves, ne sois pas le parent de tes élèves
Fais attention à l’autoritarisme, ou encore des formes qui peuvent humilier ou casser[1]
Fais attention à ne pas confisquer la parole
Se laisser prendre à réagir tout le temps
Développement professionnel
Penser que tu travailles seul.
ne pas s’enfermer dans ton propre silence et à masquer ses propres doutes
ne pas oublier toi-même le propre cadre de l’école, ou même celui que tu t’es donné.
S’isoler
Veille à ne pas être contaminer par une certaine morosité ou complainte par ailleurs[2]
Trois conclusions
1- « réussir ses cours », finalement, devient une sorte de nord dans une boussole professionnelle. Elle se recentre sur la présence réelle et explicite de l’enseignant dans la classe : elle évoque l’approche centrée sur la Personne développée par Carl ROGERS[3], fondée sur les trois principes suivants : l’Educabilité pour tous[4], l’Empathie, la Congruence.
2- Cependant, une classe réussie n’est pas forcément la même chose que « réussir ses cours ». Nous pourrions aisément ici reprendre les conclusions et référence de la thèse « l’ennui à l’école », de Stéphanie LELOUP, présentée sur le site Jacques NIMIER ; il apparaît qu’élèves et enseignants peuvent distinguer ce qui fait un bon cours, mais… les items sont symétriquement inverses ; l’enseignant peut avoir le sentiment de réussir son cours, mais les élèves le percevront très différemment. A redécouvrir.
3- En approfondissant l’analyse destinée aux enseignants débutants, ce sont aussi des messages importants et parfois subtiles à l’attention de tout enseignant, « même T25 », dirait humoristiquement notre amie et collègue Gisèle qui nous a accueilli pendant ces deux années dans sa classe et dans une superbe nouvelle école, rue Gerty Archimède, Paris 12ème arr.
Ainsi, travailler la question de l’accueil des enseignants débutants, de leur prise de métier, de leur formation directe et « expérientielle », c’est souvent bien autre chose que nous travaillons ; c’est bien l’analyse du métier, dans ses tensions, dans ses évolutions, mais aussi celle de la place de la formation et de la solidarité professionnelle dans tout école ou établissement.
[1] A noter comme ressource : les petites cartes du site CHARIVARI, qui permettent de signaler à l’élève de manière personnelle, sans rendre cela visible à l’ensemble de la classe ; la loi est respectée)
[2] cf. la planche sur les 30 raisons pour enterrer un projet)
[3] Sur Carl Rogers, reprendre « Présence de Carl Rogers », d’André de Peretti
[4] On peut penser à nos amis belges de la communauté francophone qui prêtent en début de carrière le « serment de Socrate ».
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