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Le désordre est-il compatible avec l’École ?


Comme il fallait s’y attendre, la première boutique vendait plus de magazines que le pauvre Essam. Comme il fallait s’y attendre, un seul des deux marchands de journaux a survécu. La distribution des rôles, dans ce dénouement, n’est pourtant pas celle que l’on croit : c’est Essam (le désordonné) qui a survécu. Il vendait certes moins de journaux que son voisin, mais gagnait plus d’argent, tout simplement parce qu’il s’épargnait les coûts exorbitants d’une équipe pléthorique pour ranger sa marchandise et du système d’inventaire en continu.

Cette histoire est racontée par Éric Abrahamson dans son livre « UN PEU DE DÉSORDRE = BEAUCOUP DE PROFITS » publié par Flammarion. L’auteur, professeur de management à la Business School de l’université Columbia à New York veut ainsi démontrer que l’ordre peut coûter cher, que le désordre peut être rentable et que les organisations trop rigides brident souvent la créativité.


Chargé, sur-chargé, dé-chargé ou dé-muni, la même chose ?

Plusieurs échanges sur la plateforme de Facebook à l’occasion de cet article a permis de préciser quelques points: à l’occasion de séance d’analyse de pratique relative au métier d’enseignant, et aussi à celui de formateur d’enseignant, voire de personnel de direction, j’ai été fréquemment confronté au paradoxe d’une sur-préparation professionnelle mise en tension avec un sentiment d’être « démuni »; c’est le terme qui est venu le plus souvent.


En latin, demunus,c ‘est être désinvesti d’une charge, ou encore sans armes; pour faire le lien avec l’article proposé, est-il judicieux de tout prévoir, calibrer,programmer, quand nos expériences, multiples, variées, diverses, nous apprennent que les processus à l’oeuvre en éducation composent avec l’improvisation, la réactivité, et donc une certaine créativité, et donc… une expertise nécessaire pour ne plus être démunis. L’accueil de l’imprévu, la gestion du désordre sont des actes tout aussi professionnels que le planification annuelle des performances !


La sur-préparation d’une personne ou d’une organisation témoigne d’un état de faiblesse structurelle et d’une manque de confiance dans sa propre expertise.


Dans vos échanges, vous évoquez le cas particulier du numérique: il n’est pas plus particulier que dans d’autres domaines; la pratique numérique exige une expertise non tant dans le numérique que pour faire appel à d'autres ressources plus professionnelles: faisons confiance au groupe, pour apprendre, dans l’appréhension et la conduite de l’imprévisibilité, de l’immédiateté, de l’opportunité de se saisir de tout pour apprendre ensemble. On rencontre ici un profil professionnel singularisé par des ressources psychologiques, elles, particulières, qui peuvent faire la différence entre collègues.


Nous sommes tous des "instituteurs"

Enfin, nous « instituons » tous, chacun dans nos places ou métiers; il y a peut-être des logiques ou des cultures d’institution: il est de notre part à chacun de la faire évoluer; cela peut prendre du temps; les résistances sont fortes; en ne comptant pas (ou plus) sur l’institution, vous pouvez conforter son rôle de conservation (à votre insu), … ou encore le rôle de marginal, séquent au système ou pas (cf. Michel Crozier).


Antoine Prost, historien de l'éducation, écrivait que finalement dans un système aussi entropique que l'éducation nationale, c'est ainsi que l'innovation pouvait exister.

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