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C'est trop complexe, illisible pour moi.

 


Il est 17h45, je range mes copies dans mon sac. Encore une journée bien remplie au collège : six heures de cours, , trois élèves à voir pour des difficultés en histoire-géo, et une réunion parents-professeurs ce soir. Entre la préparation des cours, les corrections, les conseils de classe qui approchent, et ma vie personnelle, je me demande comment je pourrais encore trouver du temps pour me former, évoluer, m'améliorer. Pourtant, je sais que certains de mes élèves décrochent et que mes méthodes actuelles ne suffisent pas toujours.

 

Se former malgré un emploi du temps surchargé

Commencer petit, là où on est

Dans mon collège parisien, nous avons commencé très simplement : avec Sophie, qui enseigne aussi l'histoire-géo, nous nous sommes mises d'accord pour échanger nos séquences sur la Révolution française. Rien de révolutionnaire, mais déjà un premier pas. Chacune a adapté la séquence de l'autre à sa classe, puis nous avons pris 20 minutes pendant la pause déjeuner pour partager nos observations. J'ai découvert que ses élèves accrochaient particulièrement bien avec une activité de mise en scène du serment du Jeu de paume - une approche que je n'aurais jamais osé tenter seule.

 

Utiliser les temps informels

À force de discussions en salle des profs, notre petit duo est devenu un trio, puis un quatuor. Maintenant, nous gardons systématiquement le jeudi midi pour manger ensemble et parler de nos classes. Ce n'est pas une réunion officielle, juste un moment où on peut dire "J'ai galéré avec cette notion" ou "J'ai trouvé un truc qui marche bien". La semaine dernière, Marc nous a montré comment il utilisait les cartes mentales pour aider ses élèves à réviser. Vingt minutes plus tard, j'avais déjà une idée claire de comment l'adapter pour ma prochaine séquence sur les grandes découvertes.

 

Transformer les contraintes en opportunités

Quand l'administration nous a imposé des devoirs communs, au lieu de le voir comme une contrainte supplémentaire, nous en avons fait une occasion de travailler ensemble. Pendant la correction, nous avons remarqué que les élèves butaient systématiquement sur les mêmes questions. Cela nous a permis d'identifier précisément les notions à retravailler et de réfléchir ensemble à de nouvelles approches.

 

Trouver des ressources accessibles et pratiques

S'appuyer sur l'expertise des collègues

Dans mon établissement, nous avons mis en place un système simple : chaque prof qui revient d'une formation partage un ou deux points clés avec les autres, pas plus. Par exemple, après une formation sur les élèves dys-, Christine a simplement partagé deux adaptations faciles à mettre en place : l'utilisation d'une police spécifique et un système de codes couleurs pour les consignes. Pas besoin d'être expert, juste de partager ce qui peut être utile aux autres.

 

Créer son réseau de proximité

Au fil des années, j'ai tissé des liens avec des collègues d'autres établissements du secteur. Nous avons créé un groupe WhatsApp où nous partageons nos trouvailles, nos questions, nos doutes. C'est plus simple qu'un forum officiel ou une plateforme académique. La semaine dernière, quelqu'un a partagé une activité sur l'orientation qui a très bien marché avec ses troisièmes. J'ai pu l'adapter pour mes élèves dès le lendemain.

 

Exploiter les ressources à portée de main

La documentaliste de notre CDI garde un œil sur les nouvelles ressources pédagogiques qui arrivent. Elle nous fait une petite synthèse mensuelle, rien de complexe : juste une page avec les points essentiels. C'est comme ça que j'ai découvert des approches intéressantes pour gérer l'hétérogénéité dans ma classe, sans avoir à éplucher des dizaines d'ouvrages théoriques.

Progresser à son rythme et selon ses besoins

Identifier ses priorités

En début d'année, je me suis fixé un seul objectif : améliorer la participation orale dans mes classes. Pas question de tout révolutionner d'un coup. J'ai commencé par observer précisément quels élèves participaient et pourquoi. Puis j'ai testé différentes techniques : le bâton de parole, les cartes de rôles dans les débats, les mini-exposés en binôme. Certaines ont marché, d'autres moins, mais j'ai progressé sur ce point précis.

 

Expérimenter en sécurité

Dans mon lycée de Toulouse, nous avons mis en place des "classes laboratoires" : chaque prof qui le souhaite peut tester une nouvelle approche pendant que des collègues volontaires observent. Ce n'est pas du jugement, juste un regard bienveillant et des retours constructifs. La semaine dernière, j'ai essayé une séance de travail en îlots avec ma seconde. Rien que d'avoir Patricia au fond de la classe m'a donné plus de confiance pour me lancer.

 

Valoriser les petites victoires

Avec quelques collègues, nous avons créé un "journal des réussites" dans la salle des profs. Chacun peut y noter une petite victoire : "Les 4èmeB ont tous rendu leur travail à l'heure", "J'ai réussi à faire participer Thomas en histoire", "Ma nouvelle façon d'expliquer les fractions marche bien". Ça paraît simple, mais ça nous permet de voir que nous progressons, même quand c'est par petites touches.

 

Conclusion

Le développement professionnel[1] n'est pas forcément cette montagne insurmontable qu'on imagine. Il peut commencer par de tous petits pas : un échange avec un collègue pendant la récréation, une expérimentation dans sa classe, une nouvelle façon de faire qu'on teste tranquillement. L'important n'est pas d'être parfait ou de tout révolutionner, mais d'avancer à son rythme, en fonction de ses besoins et de ses possibilités.

 

Dans ma classe de 4ème, j'ai mis trois mois à trouver la bonne façon de gérer les travaux de groupe. J'ai tâtonné, essayé différentes approches, parfois échoué. Mais chaque petit progrès a compté. Et surtout, je n'étais pas seule : mes collègues m'ont soutenue, conseillée, encouragée. C'est peut-être ça, finalement, le vrai développement professionnel : non pas une course en solitaire vers un objectif lointain, mais une progression collective, où chacun avance à son rythme, en s'appuyant sur les autres.


[1] Sources ; Hattie, J. (2009). Visible Learning: A Synthesis of Over 800 Meta-Analyses Relating to Achievement. Routledge.-  Timperley, H. (2011). Realizing the Power of Professional Learning. Open University Press. - Muller, F. (2021). Le Manuel de Survie à l'Usage de l'Enseignant. 7ème éd . 2023 - Ria, L. (2019). Former les enseignants : pour un développement professionnel fondé sur les pratiques de classe. ESF Sciences Humaines. - CNESCO (2020). Formation continue et développement professionnel des enseignants - IFÉ (2019). Dossier de veille : Le développement professionnel des enseignants - OCDE (2023). Teachers' Professional Learning Study - Réseau Canopé : nombreuses ressources pratiques et exemples de terrain - Éduscol : référentiels et guides pratiques - NéoPass@ction : vidéos de pratiques réelles et analyses - McKinsey (2023). How the world's best-performing school systems keep getting better - European Commission (2023). Teachers' Professional Development: Europe in comparison


Ce post est extrait d'une série de 20 textes sur les idées reçues en développement professionnel et surtout les dépasser. voir ici

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