Dans la continuité de la série des 20 idées reçues sur le développement professionnel des enseignants (suivre #20iddp), voici à votre gré 100 idées pour favoriser le développement professionnel (souvent les propositions et conclusions des chapitres précédents), suivre #100iddp pour s'abonner.
100 idées, car la forme de la liste à 10 points a été privilégiée pour des raisons de lisibilité et de transposition sur les réseaux; soit 10 listes de 10 points, donc... 100 idées.
Retrouvez tous les posts dédiés au développement professionnel des enseignants ici ou sur la balise #20iddp
Les extraits présentés explorent le développement professionnel des enseignants, soulignant l'importance d'une approche personnalisée et contextualisée. Ils mettent en lumière les obstacles rencontrés (manque de temps, isolement, résistance au changement) et proposent des solutions concrètes, s'appuyant sur des exemples internationaux et des initiatives locales pour promouvoir la collaboration entre pairs, la réflexivité, et l'utilisation des ressources numériques. L'accent est mis sur la création d'une culture d'apprentissage continu et sur l'impact positif sur les élèves. Enfin, l'ouvrage encourage une approche pragmatique et réaliste du développement professionnel, en partant des besoins réels des enseignants et de leurs élèves.
L'ouvrage est consultable ici
ou à télécharger ici
Voici 10 manières de lutter contre les idées reçues
Identifier les « mondes » des enseignants. Selon les sources, les enseignants peuvent avoir des conceptions différentes du changement et de l'innovation. Il est important de comprendre ces différentes perspectives pour pouvoir adapter sa communication et ses arguments. Par exemple, un enseignant qui croit que « le changement, c'est pour les autres » aura besoin d'être convaincu de l'intérêt personnel qu'il a à s'engager dans le changement. Un enseignant qui pense que « les vieilles méthodes fonctionnent encore » aura besoin d'être confronté aux données de la recherche et aux exemples de pratiques innovantes qui ont fait leurs preuves.
S’attaquer aux croyances limitantes. Les sources identifient plusieurs croyances qui peuvent freiner le changement, telles que le fatalisme (« L'école ne va jamais changer de toutes façons » , le scepticisme (« Encore une mode » ou la peur de l’échec Pour lutter contre ces croyances, il est important de les expliciter, de les analyser et de les confronter à la réalité. Par exemple, on peut montrer des exemples d'écoles qui ont réussi à changer, ou encore partager des témoignages d'enseignants qui ont osé innover et qui ont obtenu des résultats positifs.
Promouvoir un dialogue ouvert et constructif. Il est essentiel de créer un espace de discussion où les enseignants se sentent à l'aise pour exprimer leurs doutes, leurs craintes et leurs idées. La communication doit être transparente et bienveillante, et les échanges doivent être basés sur le respect mutuel.
S’appuyer sur les données probantes. Les sources mettent en avant l'importance de la recherche en éducation pour éclairer les pratiques et guider les décisions. Il est important de diffuser les résultats de la recherche auprès des enseignants et de les aider à les interpréter et à les appliquer à leur contexte. On peut également s'appuyer sur des exemples concrets de pratiques innovantes qui ont été évaluées et qui ont démontré leur efficacité.
Valoriser les initiatives et les réussites. Mettre en avant les projets innovants portés par les enseignants et célébrer les succès obtenus. La reconnaissance et la valorisation des efforts déployés peuvent encourager les autres à s’engager dans le changement.
Proposer des formations et un accompagnement adaptés. Les enseignants ont besoin de formations et d’un accompagnement pour développer les compétences nécessaires à la mise en œuvre de nouvelles pratiques. Ces formations doivent être ancrées dans la réalité du terrain et répondre aux besoins concrets des enseignants. L'accompagnement peut prendre différentes formes : coaching, mentorat, groupes de pairs, etc.
Encourager l’expérimentation et l’innovation. Créer un climat de confiance où les enseignants se sentent libres d'expérimenter de nouvelles approches pédagogiques sans craindre l'échec. L'innovation doit être encouragée et valorisée, et les erreurs doivent être considérées comme des opportunités d'apprentissage.
S’ouvrir à l’extérieur et s’inspirer d’autres modèles. Observer ce qui se fait dans d’autres écoles, d’autres pays, d’autres secteurs d’activité. L’ouverture aux idées nouvelles et aux pratiques différentes peut permettre de sortir des sentiers battus et de trouver des solutions innovantes aux problèmes rencontrés.
Développer une culture collaborative du développement professionnel. Encourager les échanges entre pairs, le partage d'expériences et la co-construction de savoirs. Les enseignants peuvent apprendre les uns des autres et se soutenir mutuellement dans leurs démarches d'innovation.
Adopter une approche systémique du changement. Le changement ne peut se limiter à la sphère individuelle. Il est important d’agir sur l’organisation, les structures, les ressources et les politiques pour créer un environnement favorable à l’innovation.
Lutter contre les idées reçues est un travail de longue haleine qui nécessite une approche globale et concertée. En s'inspirant des sources fournies et en adoptant les stratégies décrites ci-dessus, il est possible de créer un climat favorable à l’innovation et au développement professionnel au sein de l'école.
Mes élèves et moi
10 questions pour s’engager dans son propre développement professionnel et réussir avec ses élèves
Nombre d’expériences actuelles en France sont tentées depuis dix ans pour proposer des solutions utiles et efficaces pour « refonder » l’école, ou juste améliorer les conditions d’apprentissage de leurs élèves. Il ne s’agit pas de compiler les recettes de « ce qui marche » mais les questions issues de ces mêmes expériences, celles que nous partageons et permettent de construire l’expertise du métier. Vous entrez dans ce métier d’enseignant ; c’est à vous de construire vos propres réponses, car elles seront les plus ajustées à vos propres élèves et à votre propre système d’enseignement. Les meilleurs traducteurs, ce sera… vous.
1-Connaissez-vous l’histoire de votre école ?
Votre Ecole a une histoire et vous y participez : vous en êtes les « produits » autant que vous devenez les acteurs privilégiés pour les trente ans à venir. C’est pourquoi il est important, voire stratégique, d’en connaître les tendances, souvent longues, pour pouvoir mieux y participer.
2- Quel élève avez-vous été ?
« Je ne comprends pas que tu ne comprennes pas » : ce propos entendu en classe nous signale l’importance pour tout enseignant, débutant qui plus est, de s’interroger sur ses propres manières d’apprendre, quand il ou elle était élève.
S’intéresser à favoriser le retour dans les apprentissages de vos élèves ou encore à prévenir le décrochage scolaire requièrent donc d’autres compétences professionnelles et d’autres organisations du travail que les simples dispositions réglementaires. Enseignants, équipes et direction ont à développer des analyses plus «cliniques » pour mesurer la gradation ou dégradation réelle et subjective de l’élève dans sa relation au « Monde » de son école, attestant d’une modification sensible de son rapport au savoir (scolaire).
3- Savez-vous dire « c’est bien » de 10 manières différentes ?
Dans leur routine scolaire, les équipes disposent de moyens de « mesure » par l’évaluation sommative trimestrielle (écrite sur le bulletin), mais dans la plupart des cas, cela se borne au constat d’échec et aux injonctions sans effets sur la suite des opérations. Les enseignants éprouvent collectivement des difficultés à analyser des situations fort différentes.
Il est plus facile de construire des éléments positifs ; travaillez et expérimentez dix manières de dire « c’est bien » (cf. page XXX)
4- Avez-vous pensé au « climat » de votre classe ?
Les difficultés rencontrées par les élèves, et par contrecoup par leur enseignant, sont le produit d’une équation complexe à plusieurs variables. Un seul des facteurs cités ne suffit pas à expliquer le passage d’absences répétées à l’arrêt de scolarité sans qualification ou sans diplôme. C’est le croisement de plusieurs facteurs qui peut y mener.
Chaque enseignant ne doit pas renoncer à interroger prioritairement les facteurs internes à l’école, qui sont de son ressort (et de toute l’équipe) comme le climat scolaire , le climat de travail, le climat relationnel et éducatif entre adultes, le climat de justice.
5- Que savez-vous de vos élèves ?
Les élèves se construisent très tôt leur propre histoire scolaire et leur rapport au savoir ; ce sont des dimensions que l’enseignant peut explorer s’il prend le temps de les écouter et de créer les conditions adéquates. Par exemple, ce coffret produit par le PIL (Pôle innovant lycéen) à Paris, regroupe, en deux DVD distincts, la parole d’élèves ayant rompu avec l’école avant d’y revenir, et de parents ayant été confrontés à cette situation.. http://www.parolesdecrochage.blogspot.fr/ Ils mentionnent souvent des besoins de sécurité, d’une relation de qualité, d’adultes bienveillants et structurants, de dignité et de justice.
Contrairement à une représentation « enseignante », courante en France, les parents ne sont pas « démissionnaires » Les facteurs externes (liés la plupart du temps à l’environnement familial ou domestique) sont importants: rythmes jour/ nuit (sommeil),’alimentation (en prévoyant des points de restauration dans l’établissement), substances psychotropes (alcool, drogues etc), écrans (internet, télé etc)
6- Changez-vous l’espace ou le temps de l’école ?
Quand vous prenez « en main » une classe, dans votre école, interrogez l’environnement d’apprentissage, c’est-à-dire, non seulement les contenus, les relations mais aussi les conditions telles que l’espace ou le temps scolaire.
Les équipes avec l’implication forte de leur direction bousculent le système routinier et cloisonné de l’école (horaires, disciplines, programmes, notation, espaces) pour recréer un environnement d’apprentissage favorable. (voir l’étude du CERI-OCDE)
7- Votre projet permet-il aux élèves d’apprendre pour de vrai ?
Une bonne idée (de l’enseignant) peut ne pas suffire pour (ré)engager les élèves dans les apprentissages. L’analyse des pratiques expérimentées dans les équipes nombreuses suivies en innovation permet de retrouver des pratiques « efficaces » telles qu’elles ont été documentées par John Hattie . L’enseignement sera d’autant plus efficace qu’il rassemble plusieurs gestes professionnels qui font système entre eux et propose une cohérence et une continuité pour soutenir les apprentissages des élèves.
8- Ouvrez-vous votre classe ?
La classe n’est plus un lieu clos car cette organisation produit du classement et de l’échec. On dit que la classe « classe » . Dans des centaines de collèges, lieu de la massification scolaire, ou encore de lycées professionnels, depuis des années, des équipes explorent les voies d’une meilleure prévention en pensant l’inclusion par les pratiques, les passerelles par la souplesse des modules et parfois avec le recours à des compétences externes (partenariats). Quatre caractéristiques font système :
– Les équipes font le pari de l’éducabilité pour tous « Tout le monde est d’accord avec le fait que jusqu’à ce que chaque élève ait réussi son examen final, on ne se repose pas ». Concrètement, cette position veut dire que les établissements font attention aux résultats de tous et s’équipent de moyens ou supports d’évaluation pour soutenir les apprentissages, plus que pour les sanctionner.
– une différenciation des approches. ce qui compte, c’est « la différenciation, pas la remédiation » ;
– ne pas hésiter à bouleverser l’organisation.
– l’importance de la communication entre enseignants. « On va dans la classe d’un collègue très régulièrement ».
Ce qui change, c’est fondamentalement le regard porté sur les élèves et sur ce qui arrive dans la situation d’enseignement.
9- Etes-vous un « ingénieur » ?
Même débutant dans le métier, vous serez amené à « bricoler [1]» ou encore à inventer des cours, des supports, des nouvelles manières de s’y prendre. Mais penseriez-vous qu’un médecin doit réinventer la médecine pour exercer son métier ? Ou qu’un ingénieur les cinq méthodes pour construire des ponts ? Etes-vous un « ingénieur » pédagogique ?
10- Avez-vous pensé « durable » ?
Débuter dans le métier, c’est souvent parer à l’urgence d’une situation, sans avoir trop le temps de se projeter sur un mois, sur deux ans. Pourtant, l’immédiateté n’est pas facteur de réussite pour les élèves. Il faut penser « durable » (pour développement durable des compétences).
Pour vivre, les expérimentations doivent relever le défi d’être « durables »; d’où l’importance de structurer professionnellement et financièrement les innovations au moment où tous les crédits sont à la baisse.
Nous espérons que ces dix questions seront pour vous et pour vos formateurs autant d’occasions d’explorer vos pratiques et d’expérimenter des dispositifs pour la meilleure réussite de tous vos élèves.
Une manière d’apprendre, c’est de communiquer
Carine Perrin[4], enseignante en Lettres Histoire au lycée professionnel La Mache de Lyon (69), expose librement un exemple d'une dynamique de type innovation et développement professionnel, ici souligné en marquant les 10 étapes:
1- une interrogation toujours présente sur notre école et
2- un voyage en Finlande à la Toussaint 2012, en équipe, pour observer différents établissements.
3- Là ça a été comme une évidence : il fallait se nourrir de ce système, sans vouloir le copier, pour répondre aux problématiques qui sont les nôtres. Le profil de la classe expérimentale s'est dessiné au retour, dans l'avion !
4- Ensuite des collègues intéressés et moteurs nous ont très vite rejoints dans l'aventure.
5- Nous nous formons collectivement, par les formations que nous choisissons scrupuleusement de suivre,
6- par les multiples échanges entre nous,
7- par les temps de réunion,
8- par la veille pédagogique que nous essayons d'assurer.
9- Et pour les autres équipes qui se forment à la pédagogique Care, nous travaillons une journée avec elle, en essayant de faire vivre réellement ce que nous proposons aux élèves.
10- Ensuite chacun doit s'approprier le projet, en fonction de ce qu'il est et de son public. Même s'il y a des éléments incontournables, le projet doit pouvoir s'adapter.
Dix manières de prendre en compte les prescriptions institutionnelles pour son développement professionnel continu des enseignants
En France, l'entrée dans le métier d'enseignant et l'organisation de la formation initiale et continue ont beaucoup évolué ces dernières années. Les enseignants doivent se construire un cadre de référence, souvent composé de représentations anciennes et de routines professionnelles. Pour se professionnaliser, les enseignants doivent participer à la construction du sens qu'ils trouvent dans le cadre prescrit par l'institution. L'appropriation de ce cadre est essentielle, et pour cela, il doit être connu, explicité, discuté et partagé.
Voici dix manières de prendre en compte les prescriptions institutionnelles pour son développement professionnel continu :
S'approprier le référentiel du métier. Le référentiel des métiers de l'éducation de 2013 définit les compétences attendues des enseignants. Il est important de le connaître et de le comprendre pour identifier les domaines dans lesquels on souhaite se développer. Il faut éviter un usage purement bureaucratique du référentiel, en cherchant à « avoir bon » à toutes les cases.
Analyser les programmes d'enseignement nationaux et les instructions officielles. Ils tracent une carte de l'espace et du temps de l'école. Il est important de les étudier pour comprendre les objectifs et les attendus de l'institution.
S'engager dans le projet d'école ou d'établissement. Le projet d'établissement peut être un espace de liberté pédagogique et un vecteur de développement professionnel. Il permet de mettre en œuvre des actions concrètes en lien avec les besoins des élèves et les priorités de l'établissement.
Participer aux dispositifs de formation continue proposés par l'institution. Ces dispositifs peuvent prendre différentes formes : conférences, ateliers, stages, etc. Il est important de choisir les formations qui répondent à ses besoins et à ses projets.
Se former au développement professionnel continu. Ce concept est encore peu connu en France. Il s'agit d'un processus de long terme qui vise à développer ses compétences en lien avec les besoins de ses élèves et les évolutions du système éducatif.
Travailler en équipe. Le travail en équipe est une compétence clé pour le développement professionnel.] Il permet de partager ses expériences, de confronter ses pratiques et de construire des projets communs. Le chef d'établissement a un rôle important à jouer pour encourager et soutenir le travail en équipe.
S'engager dans des démarches d'innovation pédagogique. L'innovation pédagogique permet de tester de nouvelles approches et de faire évoluer ses pratiques. Elle peut s'inscrire dans le cadre du projet d'établissement ou être portée par des initiatives individuelles.
Se documenter sur les recherches en éducation. Les recherches en éducation fournissent des éclairages précieux sur les apprentissages des élèves et sur les pratiques enseignantes efficaces. Il est important de se tenir au courant des dernières avancées dans son domaine disciplinaire et dans le domaine de la pédagogie.
S'auto-évaluer et se faire évaluer par ses pairs. L'auto-évaluation et l'évaluation par les pairs sont des outils importants pour identifier ses points forts et ses points faibles. Elles permettent de prendre conscience de l'impact de ses pratiques sur les élèves et d'ajuster ses actions en conséquence.
Développer son réseau d'apprentissage professionnel. Le réseau d'apprentissage professionnel permet d'échanger avec des collègues, de partager des ressources et de se tenir au courant des innovations pédagogiques.
Prendre en compte les prescriptions institutionnelles pour son développement professionnel continu ne signifie pas se soumettre aveuglément à l'autorité. Il s'agit plutôt de s'approprier le cadre prescrit, de le comprendre et de l'utiliser comme un levier pour faire évoluer ses pratiques et améliorer la qualité de son enseignement.
10 principes ayant fait leur preuve dans la recherche pour un développement professionnel efficace des enseignants
d'après les conclusions d'Helen Timpertley, Université de Auckland
1. Se centrer sur les résultats évalués des élèves
Des expériences d’apprentissage professionnel se centrant sur le lien entre certaines situations d’enseignement et les résultats évalués des élèves sont associées à des impacts positifs en termes de résultats.
2. Des contenus intéressants
Les connaissances et les compétences à développer sont celles qui ont été considérées efficaces dans les résultats évalués des élèves .
3 L’intégration des connaissances et des compétences
L’intégration des connaissances et des compétences essentiels à l’enseignant facilite un apprentissage approfondi et un changement dans les pratiques pédagogiques.
4. L’évaluation comme enquête professionnelle
L’information sur ce que les élèves ont besoin de savoir et de faire est utilisée pour identifier ce que les enseignants ont besoin de savoir et de faire.
5. Des multiples occasions d’apprendre et de mettre en œuvre l’information
Pour opérer des changements significatifs dans leurs pratiques, les enseignants ont besoin de multiples occasions d’apprendre une nouvelle information et comprendre ses implications pour la pratique. De plus, ils doivent rencontrer d’autres opportunités dans des environnements qui offrent à la fois de la confiance et des défis à relever.
6. Des approches réactives aux processus d’apprentissage
La promotion de l’apprentissage professionnel nécessite différentes approches selon que les idées sont en accord ou non avec les conceptions des enseignants sur les élèves et la meilleure façon d’enseigner.
7. Des occasions d’apprendre avec d’autres
Des interactions collégiales centrées sur les résultats des élèves peuvent aider les enseignants à intégrer de nouveaux apprentissages dans leur pratique.
8. Une expertise bien fournie
Une expertise externe au groupe des enseignants participants est nécessaire pour remettre en cause les conceptions existantes et développer le genre de connaissances et les compétences associés à des résultats positifs des élèves.
9. Un leadership actif
Des leaders éducatifs conçus comme un facteur clé du développement des attentes pour améliorer les résultats des élèves et assurant l’organisation et la promotion d’un engagement dans le cadre de situations d’apprentissage professionnel.
10.Maintenir la dynamique
Une amélioration soutenue des résultats des élèves nécessite que les enseignants disposent d’une connaissance théorique solide, de compétences à l’enquête fondée sur des preuves, et de conditions facilitées en termes d’organisation.
10 propositions concrètes pour favoriser le développement professionnel continu en classe
1. Transformer la classe en laboratoire d'apprentissage : adopter une posture de "praticien-chercheur" en testant de nouvelles approches pédagogiques, en observant attentivement les réactions des élèves et en analysant les résultats obtenus. Chaque nouvelle activité devient une occasion d'apprentissage et d'ajustement des pratiques.
2. Intégrer les micro-moments de formation au quotidien : profiter des temps libres (trajets, pauses, week-end) pour s'informer et se former grâce aux ressources numériques gratuites : articles, vidéos, podcasts, webinaires, etc.
3. S'engager dans l'observation croisée entre pairs : proposer à un collègue d'observer mutuellement vos classes dans un esprit de collaboration et de partage. Analyser ensemble les pratiques observées, identifier les points forts et les axes d'amélioration.
4. Créer ou rejoindre une communauté d'apprentissage professionnelle : participer à des groupes de travail thématiques, des réseaux d'entraide virtuels ou des cafés pédagogiques pour échanger avec des collègues sur des problématiques communes, partager des ressources et construire collectivement des solutions. Suivre la balise #eduinov ou #educat (Catalogne).
5. Exploiter les ressources documentaires de proximité : consulter les ouvrages et les revues spécialisées disponibles au CDI, s'abonner à des newsletters pédagogiques et explorer les plateformes de ressources en ligne.
6. Développer une pratique réflexive structurée : tenir un journal de bord professionnel, analyser les productions d'élèves, s'interroger sur l'impact des choix pédagogiques et formaliser les réflexions issues de ces observations.
7. S'auto-former grâce aux ressources numériques gratuites : explorer les plateformes de formation en ligne (MOOCs, SPOCs), suivre des webinaires, participer à des forums de discussion et s'abonner à des chaînes YouTube dédiées à l'éducation.
8. S'inspirer des modèles internationaux : S'informer sur les pratiques pédagogiques et les dispositifs de développement professionnel mis en place dans d'autres pays (Finlande, Japon, Estonie, etc.) et identifier les éléments adaptables au contexte français.
9. Expérimenter les "micro-temps de formation" : Dédier quelques minutes chaque jour, avant ou après les cours, à une activité de développement professionnel : lecture d'un article, visionnage d'une vidéo, participation à un forum de discussion, etc.
10. Transformer les contraintes institutionnelles en opportunités : Identifier les marges de manœuvre offertes par les programmes et les directives officielles pour expérimenter de nouvelles approches pédagogiques et les adapter aux besoins spécifiques des élèves.
Le développement professionnel continu est un processus dynamique qui se nourrit de l'expérience quotidienne en classe, de la collaboration entre pairs et de l'ouverture aux innovations pédagogiques. En intégrant ces 10 propositions concrètes à sa pratique, un enseignant peut progresser de manière significative et contribuer à l'amélioration de la qualité de l'enseignement et des apprentissages des élèves.
10 conseils pour les élèves afin de favoriser le développement professionnel de leurs enseignants
En tenant compte du rôle central des élèves dans la relation pédagogique, il est possible de formuler 10 conseils pour les élèves afin qu'ils contribuent au développement professionnel de leurs enseignants :
1. Communiquer clairement vos besoins et vos difficultés: N'hésitez pas à exprimer à vos enseignants ce que vous comprenez bien, ce qui vous pose problème, et ce qui vous aide à apprendre. Cette communication transparente leur permet d'adapter leurs pratiques et d'identifier les points à améliorer.
2. Participer activement en classe et vous engager dans les apprentissages: Votre implication et votre motivation sont des sources de satisfaction pour les enseignants et les encouragent à innover et à perfectionner leurs méthodes. Posez des questions, participez aux discussions, et montrez votre intérêt pour les sujets abordés.
3. Faire preuve de respect envers vos enseignants et vos camarades: Un climat de classe serein et respectueux est essentiel pour que les enseignants puissent se concentrer sur leur mission pédagogique et explorer de nouvelles approches.
4. Fournir un feedback constructif sur les cours et les activités: N'hésitez pas à exprimer votre avis sur ce qui fonctionne bien ou moins bien dans les cours, tout en restant respectueux et constructif. Vos commentaires peuvent aider les enseignants à ajuster leurs pratiques et à mieux répondre à vos besoins.
5. S'intéresser aux innovations pédagogiques et aux nouvelles technologies: Montrez votre enthousiasme pour les projets innovants et l'utilisation des outils numériques en classe. Votre curiosité peut encourager les enseignants à explorer de nouvelles pistes et à se former à de nouvelles technologies.
6. Accepter les erreurs et les changements comme des étapes nécessaires à l'apprentissage: Comprenez que l'apprentissage est un processus itératif qui implique des erreurs et des ajustements. Encouragez vos enseignants à expérimenter de nouvelles approches, même si elles ne sont pas parfaites dès le départ.
7. Encourager la collaboration entre vos enseignants: Suggérez des projets interdisciplinaires, des échanges de pratiques entre enseignants de différentes matières, ou des moments de partage et d'analyse collective.
8. Partager vos réussites et vos progrès avec vos enseignants: Leur montrer l'impact positif de leur travail sur votre apprentissage est une source de motivation essentielle pour les enseignants et les encourage à poursuivre leurs efforts de développement professionnel.
9. Soutenir les initiatives de vos enseignants pour améliorer l'école: Participez aux projets d'établissement, aux conseils d'élèves, et aux initiatives pour améliorer le climat scolaire.
10. Valoriser le métier d'enseignant et reconnaître l'importance de leur formation continue: Montrez votre gratitude envers vos enseignants pour leur engagement et leur dévouement, et encouragez-les à poursuivre leur développement professionnel.
et alors, mes collègues et moi ?
QCM le développement professionnel, c’est…
Les acquis de la recherche internationale sur le développement professionnel des enseignants abondamment documentés nous adressent quelques messages forts sur la dynamique des pratiques enseignantes, dont vous détenez vous-mêmes les clefs, et vous ne le savez pas toujours. Pourriez-vous répondre aux questions suivantes ?
Un développement professionnel soutenu et mobilisateur
o Est-ce qu’il combine les besoins des personnes et ceux de l’école ?
o Est-ce qu’il engage les enseignants et la direction ?
o Est-ce qu’il prend en compte les besoins d’apprentissage des élèves en fonction des classes et des niveaux de scolarité ?
o Est-ce qu’il est approprié aux différents types d’enseignement et à une dynamique d’innovation ou d’expérimentation ?
o est-ce qu’il est adapté à l’apprentissage personnalisé des élèves ?
o Est-ce qu’il intègre les propositions des enseignants et leur permet de faire des choix ?
Un développement professionnel situé dans la pratique quotidienne
o Est-ce qu’il est en relation avec les activités quotidiennes des enseignants ?
o Est-ce qu’il comprend des programmes de suivi demandant des applications pratiques aux enseignants ?
o Est-ce qu’il demande aux enseignants de réfléchir au travers de supports écrits ?
Un développement professionnel centré sur l’enseignement et les apprentissages
o Est-ce qu’il met l’accent sur l’amélioration des résultats des élèves ?
o Est-ce qu’il s’intéresse à la manière dont on enseigne ?
o Est-ce qu’il aide les enseignants à analyser les erreurs des élèves ?
o Est-ce qu’il dote les enseignants d’une grande variété de stratégies pédagogiques ?
Un développement professionnel qui facilite le travail collaboratif
o Est-ce qu’il engage les enseignants physiquement, cognitivement, émotionnellement ?
o Est-ce qu’il engage les enseignants à travailler ensemble selon des objectifs communs ?
o Est-ce qu’il demande aux enseignants un retour sur leurs pratiques et une auto-évaluation ?
Un développement professionnel durable, continu et interactif
o Est-ce qu’il exige plusieurs heures de communication sur plusieurs mois ?
o Est-ce qu’il donne aux enseignants de nombreuses occasions d’interagir ensemble à partir d’idées et e pratiques nouvelles ?
o Est-ce qu’il est mis en relation avec des expériences professionnelles vécues par d’autres, au sein de l’établissement ou ailleurs ?
Extrait de François Muller, Romuald Normand, Ecole, la grande transformation, les clés de la réussite, éd. ESF, 2014
10 manières de travailler avec d'autres collègues pour favoriser le développement professionnel continu:
Échanger sur les pratiques: Discuter régulièrement avec ses collègues des défis rencontrés en classe, des solutions trouvées et des nouvelles approches pédagogiques permet de s'enrichir mutuellement et d’adapter ses pratiques d'enseignement
Observer des collègues: Visiter la classe d’un collègue pour observer ses pratiques et analyser ensemble les choix pédagogiques est une forme efficace de développement professionnel
Mettre en place des projets communs: Travailler ensemble sur des projets interdisciplinaires, même modestes, permet de développer de nouvelles compétences, de partager les responsabilités et de créer une dynamique collective
Organiser des temps de concertation et de régulation: Se réunir régulièrement pour discuter des objectifs communs, des difficultés rencontrées et des solutions à mettre en place permet d'assurer la cohérence des actions et de progresser collectivement
Créer des groupes de travail ou des communautés d'apprentissage: Travailler en équipe sur une problématique spécifique permet d’approfondir ses connaissances, de partager des ressources et de développer une expertise collective
Partager des rôles et des responsabilités: Définir clairement les rôles de chacun au sein de l'équipe pédagogique favorise la collaboration, la solidarité et la prise d’initiative
S'entraider au quotidien: Être à l'écoute des besoins de ses collègues, proposer son aide et partager ses ressources permet de créer un climat de confiance et de solidarité au sein de l'équipe
Mettre en place du mentorat: Permettre aux enseignants expérimentés d'accompagner leurs collègues moins expérimentés favorise le partage d'expertise et le développement des compétences
Créer des réseaux informels: Échanger avec des collègues d'autres établissements, partager des ressources et des idées via des plateformes en ligne ou des groupes informels permet de s’ouvrir à de nouvelles perspectives et de rompre l'isolement
Mutualiser les temps de formation: Assister ensemble à des formations ou des conférences et partager ensuite les points clés avec ses collègues permet de diffuser les connaissances et de créer une dynamique d’apprentissage collectif
Ces différentes manières de collaborer contribuent à créer une culture de développement professionnel continu au sein de l'établissement, ce qui profite à la fois aux enseignants et aux élèves.
Pour les enseignants, 10 manières de jouer avec le cadre institutionnel pour permettre de s'engager dans leur développement professionnel
Transformer la prescription en opportunité. Plutôt que de voir les directives institutionnelles comme des contraintes, encouragez les enseignants à les interpréter et les adapter à leur contexte spécifique. L'objectif est de passer d'une logique de contrôle à une logique d'accompagnement.
Valoriser l'expertise de terrain. Reconnaître et encourager les initiatives des enseignants qui expérimentent de nouvelles approches pédagogiques. Laisser les enseignants partager leurs innovations, même si elles ne sont pas validées "scientifiquement".
Créer des espaces de liberté pédagogique. Dédier un pourcentage du temps de service des enseignants à des activités de recherche et de développement professionnel, sans contrôle hiérarchique strict..Instaurer des "laboratoires de pratiques" où les enseignants peuvent expérimenter en toute sécurité.
Favoriser la collaboration entre pairs. Encourager les observations croisées de classes, l'analyse de pratiques et les projets collaboratifs. Formaliser des temps dédiés à l'échange informel entre collègues.
Institutionnaliser des communautés d'apprentissage. Mettre en place des structures qui permettent aux enseignants de travailler ensemble sur des problématiques communes, d'analyser leurs pratiques et de construire des solutions collectivement.
Repenser sa formation continue. Privilégier les formations "à la carte" qui répondent aux besoins spécifiques des enseignants et de leurs élèves. Organiser des formations directement dans les écoles, aux horaires qui conviennent aux équipes.
Intégrer le développement professionnel à l'évaluation. Encourager l'auto-évaluation réflexive et la constitution de portfolios plutôt que le contrôle externe. Valoriser la participation à des réseaux professionnels et à des projets innovants dans le cadre de l'évaluation des enseignants.
Impliquer la communauté éducative. Inviter les parents à participer à des événements où les enseignants partagent leurs apprentissages et leurs nouvelles pratiques. Créer des espaces de dialogue et de collaboration entre enseignants, parents et élèves.
Développer une culture de la confiance. Remplacer le contrôle par la confiance dans l'expertise des enseignants. Encourager la prise de risques et l'innovation pédagogique.
Soutenir les initiatives locales. Encourager les établissements à développer leurs propres dispositifs de développement professionnel, adaptés à leur contexte et à leurs besoins. Mettre en place des réseaux d'échange de pratiques entre établissements.
En jouant avec le cadre institutionnel de manière créative et flexible, il est possible de transformer le développement professionnel des enseignants d'une contrainte en une opportunité. L'objectif est de créer un environnement où les enseignants se sentent soutenus, encouragés et autonomes dans leur démarche de développement professionnel, au bénéfice de leurs élèves et de l'ensemble du système éducatif.
Dans ma classe de Seconde, j'ai mis trois mois à trouver la bonne façon de gérer les travaux de groupe. J'ai tâtonné, essayé différentes approches, parfois échoué. Mais chaque petit progrès a compté. Et surtout, je n'étais pas seul : mes collègues m'ont soutenue, conseillée, encouragée. C'est peut-être ça, finalement, le vrai développement professionnel : non pas une course en solitaire vers un objectif lointain, mais une progression collective, où chacun avance à son rythme, en s'appuyant sur les autres.
10 manières concrètes et simples pour des enseignants de s'engager dans un développement professionnel continu
Échanger avec un collègue. Prenez 15 minutes pour discuter d'une situation de classe avec un pair. Le simple fait de partager ses observations, ses difficultés et ses réussites permet de prendre du recul et d'enrichir sa pratique.
Observer une pratique inspirante. Assister à un cours d'un collègue et analyser les éléments qui fonctionnent bien. Adapter ensuite cette pratique à votre contexte et à vos élèves. L'observation mutuelle est une forme de développement professionnel simple et efficace.
S'engager dans un petit projet collaboratif. Lancez un projet modeste avec un ou deux collègues autour d'une thématique commune. Travailler ensemble sur un objectif précis, même simple, permet de développer de nouvelles compétences et de créer une dynamique positive.
Analyser des productions d'élèves en équipe. Une fois par mois, consacrez un temps d'équipe à l'analyse collective des travaux des élèves. Cela permet d'identifier les difficultés récurrentes, d'harmoniser les pratiques d'évaluation et de construire des solutions communes.
Créer un réseau informel d'échange de pratiques. Organisez des rencontres régulières entre enseignants, au sein de l'établissement ou en dehors, pour partager des idées, des ressources et des expériences.] La convivialité et la simplicité sont les clés du succès pour ce type de réseau.
Expérimenter une nouvelle approche pédagogique. Choisissez un élément précis de votre pratique que vous souhaitez améliorer et testez une nouvelle approche pendant quelques semaines. Observez attentivement les réactions des élèves et ajustez votre démarche en conséquence.
Tenir un journal de bord réflexif. Consacrez quelques minutes chaque jour à noter vos observations, vos réflexions et vos questionnements sur votre pratique. L'écriture réflexive permet de prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses, et d'identifier des pistes de progrès.
Suivre des blogs et des comptes Bluesky ou X d'enseignants innovants. De nombreux enseignants partagent leurs expériences et leurs ressources en ligne. S'inspirer de pratiques qui fonctionnent ailleurs est une source d'enrichissement professionnel accessible à tous. Suivre la balise #eduinov
Participer à des webinaires ou à des MOOC sur des thématiques éducatives. La formation à distance offre une grande flexibilité et permet de se former à son rythme et selon ses besoins.
Lire des articles de recherche ou des ouvrages sur la pédagogie. Se tenir au courant des dernières recherches et des innovations pédagogiques est essentiel pour un développement professionnel continu. N'hésitez pas à partager vos lectures et vos réflexions avec vos collègues.
En intégrant ces pratiques simples au quotidien, les enseignants peuvent s'engager dans un développement professionnel continu sans bouleverser leur emploi du temps. L'important est de rester curieux, ouvert aux nouvelles idées et en recherche constante d'amélioration.
Et dans mon établissement
Quizz : votre établissement et vous
Les invocations à d’autres mondes sont des moyens dilatoires pour s’empêcher collectivement de penser sa propre réalité ; Intéresser les enseignants à l’analyse de leur situation est le début du début. Parlons-en en transformant les propos en sujet de débat contradictoire et professionnel. Par exemple ici.
Cochez les cases qui vous semblent correspondre à la situation de votre établissement, telle que vous la percevez ? [2]
¨ Une croyance communément partagée que le changement, c’est pour les autres,
¨ La croyance parmi les équipes pédagogiques que les vieilles méthodes fonctionnent encore,
¨ Le refus à titre individuel de s’extraire de la culture de groupe existante,
¨ Le refus de nombreux enseignants d’essayer des choses nouvelles parce qu’ils ont peur de l’échec,
¨ La recherche de boucs émissaires en dehors de l’établissement ou de l’école pour expliquer les mauvais résultats,
¨ L’absence de compréhension parmi la majorité des enseignants des possibilités de solutions alternatives,
¨ La croyance parmi les équipes pédagogiques qu’une aide extérieure n’est pas utile pour gérer l’établissement autrement,
¨ la présence de nombreux conflits de personnes, de féodalités et de cliques parmi les équipes pédagogiques et de dysfonctionnements dans les relations sociales,
¨ le manque de volonté ou l’incapacité des enseignants à considérer que les mauvais résultats proviennent d’un mauvais fonctionnement de l’unité éducative.
Qu’en pensez-vous ?
10 raisons pour lesquelles les décideurs institutionnels éprouvent des difficultés à penser et à organiser le développement professionnel des enseignants en France
Conception traditionnelle de la formation continue: La formation continue est souvent perçue comme une obligation administrative, déconnectée des besoins réels des enseignants et de leurs élèves Les stages de formation traditionnels, souvent dispensés de manière descendante, peinent à s'adapter aux réalités du terrain.
Inhérence d'un modèle hiérarchique et centralisé: Le système éducatif français est traditionnellement marqué par une forte centralisation et une structure hiérarchique bien établie . Cette culture administrative a tendance à privilégier la prescription et le contrôle, laissant peu de place à l'autonomie et à l'initiative des acteurs de terrain.
Résistance au changement et à la formation: Les sources soulignent une certaine résistance au changement au sein du système éducatif français, aussi bien du côté des enseignants que de l'administration Cette résistance peut s'expliquer par la fatigue accumulée face aux réformes successives, souvent perçues comme déconnectées des réalités du terrain.
Perception du développement professionnel comme une dépense et non un investissement: Le développement professionnel est souvent considéré comme une charge supplémentaire pour le budget de l'éducation, plutôt que comme un investissement rentable pour l'avenir du système éducatif
Peur de la perte de contrôle: Le développement professionnel des enseignants, s'il est mené dans une logique d'autonomie et d'initiative, peut être perçu comme une menace pour le contrôle hiérarchique traditionnel
Difficulté à reconnaître et à valoriser l'expertise de terrain: Le système éducatif français tend à privilégier les savoirs "savants" issus de la recherche académique, au détriment des savoirs pratiques issus de l'expérience des enseignants Il y a une difficulté à considérer les enseignants comme des experts de leur pratique et à les impliquer dans la conception et la mise en œuvre des dispositifs de développement professionnel.
Manque de temps et de moyens dédiés au développement professionnel: Les enseignants sont confrontés à une charge de travail importante et à des contraintes temporelles qui limitent leur disponibilité pour se former Le manque de moyens financiers et humains alloués au développement professionnel renforce cette difficulté.
Culture professionnelle marquée par l'individualisme: Le métier d'enseignant en France est souvent perçu comme une activité solitaire, réalisée "porte fermée" dans sa classe Cette culture individualiste peut freiner la collaboration entre pairs, l'échange de pratiques et la construction d'une intelligence collective.
Difficulté à évaluer l'impact du développement professionnel: Il est complexe de mesurer l'impact réel du développement professionnel sur les pratiques des enseignants et sur la réussite des élèves . Le manque d'indicateurs pertinents et d'une culture de l'évaluation formative rend difficile l'adaptation des dispositifs de formation en fonction des résultats observés.
Manque de vision stratégique à long terme: Les politiques éducatives en France sont souvent marquées par une succession de réformes ponctuelles, sans vision globale et cohérente du développement professionnel des enseignants Le manque de continuité et de stabilité dans les orientations politiques rend difficile la mise en place de dispositifs pérennes et efficaces.
La difficulté à penser et à organiser le développement professionnel des enseignants en France est le reflet de tensions profondes au sein du système éducatif, entre centralisation et autonomie, entre prescription et expertise de terrain, entre culture individualiste et nécessité de collaboration. Le défi pour les décideurs institutionnels est de dépasser ces tensions et de construire un nouveau modèle de développement professionnel, plus adapté aux réalités du XXIe siècle, qui place l'enseignant au centre du processus, valorise son expertise, et encourage sa participation active à la transformation du système éducatif.
Vous et votre chef d’établissement
Cochez les cases qui correspondent à votre situation actuelle
Ce que les chefs d’établissement perçoivent de l’activité d’un « bon » prof
£ un attachement à faire progresser les élèves, en particulier les plus en difficulté ;
£ une attention dans les écrits communiqués à l’attention des élèves et des familles (appréciations, mots dans le carnet, communication sur les activités de classe) ;
£ des relations régulières, informelles et franches, sur les évolutions constatées, sur les risques et les chances d’une action ou d’un dispositif, sur les perspectives de résultats, sur l’analyse d’une situation problématique ;
£ une dynamique d’évolution professionnelle, soit dans la découverte et l’appropriation des objectifs de l’établissement, soit dans l’approfondissement de son métier (reprise d’études, parcours de formation, participation à des réseaux, contribution à des actions en partenariat)
£ un positionnement professionnel de collaboration avec les personnels de l’établissement, certes avec ses pairs, mais aussi avec la vie scolaire et les agents de service par exemple.
£ Une créativité professionnelle observée dans l’ingénierie pédagogique (supports de cours, exploitation du numérique, expérimentation de méthodes), accompagnée d’une analyse partagée avec quelques collègues et la direction ;
£ Une recherche de collaboration professionnelle pour soutenir ou construire une équipe (de classe, de niveau, de cycle, de projet), pour réguler les problèmes inévitables et trouver les solutions durables et équitables pour tous (question de l’exclusion, des incivilités par exemple).
£ Un intéressement pro-actif à des instances de l’établissement pour étayer et développer son action en classe et renforcer les progrès des élèves ;
Les moyens, méthodes et techniques pour récolter l’information sur les pratiques
£ laisser la « porte ouverte » pour des temps informels d’échange ;
£ s’intéresser au suivi pédagogique des cours (cahier de classe, activités inscrites dans l’ENT) ;
£ décoder ce que perçoivent les élèves et leurs parents lors d’entretiens ;
£ observer un cours en classe, à l’invitation de l’enseignant, ou encore à l’occasion d’une visite de l’inspecteur pédagogique ;
£ participer à un conseil de cycle, un pré-conseil de classe, à une réunion de professeurs de même discipline ;
£ faire des entretiens personnalisés et pas seulement en vue de la notation de fin d’année ;
£ participer à un groupe-projet ou à un comité de pilotage d’un dispositif ou d’un projet ;
£ fréquenter les couloirs de l’établissement pour mesurer l’ambiance des classes et voir l’état des pratiques (les salles sont souvent vitrées) ;
£ entendre les délégués des élèves réunis en conseil ou encore le comité de vie lycéenne en lycée ;
£ lire attentivement les appréciations portées sur les bulletins de notes des élèves ;
£ prendre connaissance des rapports d’inspection et en parler avec l’intéressé ;
£ faire un point régulier sur les formations suivies, individuellement, et celles sur site.
£ Faire le sociogramme de l’équipe enseignante (qui travaille avec qui, qui prend tel rôle ou telle responsabilité) ;
£ Estimer le degré de connaissance et d’appropriation du projet d’établissement, ou du référentiel enseignant ;
Ce que les chefs d’établissement mettent en œuvre pour soutenir l’activité enseignante
£ Reconnaître les progrès et les petites réussites pour tel ou tel ;
£ Solliciter des retours d’information ou de rendre compte à l’issue d’une participation à une formation ou à un forum par exemple pour envisager ensemble la suite au bénéfice des élèves de l’établissement ;
£ Faciliter la constitution d’équipes sur projet et sa mise en œuvre par quelques aménagements horaire par exemple ;
£ Communiquer sur la valeur professionnelle auprès de relais académiques (inspection, services rectoraux, Cardie) ;
£ Mettre en relation l’enseignant en fonction des opportunités (partenariat, échanges, séminaires, forum, formation) ;
£ Attribuer quelques moyens complémentaires pour développer l’activité ayant un impact réel sur les élèves ;
£ Organiser une mutualisation des bonnes pratiques en initiant un groupe de travail, soit sur le mode résolution de problèmes (ex. bavardage), soit sur le mode projet (ex. évaluation par compétences) ;
£ Participer au développement professionnel de l’enseignant (équipe, réseaux, changements internes, mobilité externes, activités complémentaires comme la formation) à l’occasion des entretiens ;
10 conseils pour la direction et le chef d'établissement afin de favoriser le développement professionnel des enseignants en France
1. Intégrer le développement professionnel dans l'emploi du temps : Plutôt que de le considérer comme une activité supplémentaire, il est crucial de l'inscrire dans le temps de service des enseignants. Sanctuariser des créneaux horaires dédiés à la formation, à la collaboration entre pairs et à l'analyse de pratiques.
2. Créer un environnement de confiance et de bienveillance : Encourager une culture de l'apprentissage continu où l'erreur est perçue comme une opportunité de progression. Promouvoir des échanges entre pairs basés sur le volontariat, le respect et la non-jugement.
3. Soutenir les initiatives autonomes et les projets émergents: Faire confiance à l'expertise terrain et encourager les enseignants à prendre des initiatives. Faciliter la mise en place de projets de recherche-action, de groupes de travail interdisciplinaires ou d'échanges de pratiques informels.
4. Adapter les dispositifs de formation aux besoins réels des enseignants: Privilégier des formations ancrées dans la pratique quotidienne, contextualisées et personnalisées. Encourager les formations entre pairs, le mentorat et l'observation croisée de classes.
5. Faciliter l'accès aux ressources et aux outils numériques : Mettre à disposition des enseignants des ressources documentaires, des outils numériques performants et un accompagnement technique pour les utiliser efficacement. Développer des plateformes de formation en ligne, des espaces collaboratifs et des banques de pratiques.
6. Valoriser et reconnaître l'expertise terrain : Encourager les enseignants à documenter et partager leurs pratiques, leurs innovations et leurs recherches. Créer des portfolios professionnels, des "banques de pratiques" et des espaces de publication en ligne.
7. Développer un leadership pédagogique inspirant et accompagnateur: Le chef d'établissement joue un rôle crucial en incarnant une vision positive du développement professionnel et en accompagnant les enseignants dans leurs démarches.
8. Communiquer efficacement avec les parents d'élèves : Expliquer aux familles l'importance du développement professionnel pour la réussite de leurs enfants. Organiser des rencontres et des événements pour partager les apprentissages et les progrès réalisés grâce aux actions de formation.
9. S'inspirer des modèles internationaux et adapter les bonnes pratiques au contexte français: Analyser les dispositifs de développement professionnel mis en place dans des pays comme la Finlande, le Japon, l'Estonie ou le Canada. Identifier les éléments transférables et les adapter aux réalités du système éducatif français.
10. Evaluer l'impact du développement professionnel sur les apprentissages des élèves et ajuster les dispositifs en conséquence: Mettre en place des indicateurs de suivi des progrès des élèves en lien avec les actions de formation entreprises par les enseignants. Analyser les résultats et adapter les dispositifs de développement professionnel pour maximiser leur efficacité.
La direction et le chef d'établissement ont un rôle déterminant à jouer pour créer un environnement favorable au développement professionnel des enseignants. En s'appuyant sur les conseils ci-dessus, ils peuvent contribuer à transformer les contraintes en opportunités et faire de l'apprentissage continu une réalité pour tous les enseignants, au bénéfice de tous les élèves.
10 conseils pour aider une équipe à s'engager dans son propre développement professionnel enseignant
voici 10 conseils pour encourager une équipe pédagogique à s'engager dans son propre développement professionnel :
1. Cultiver un climat de confiance et de bienveillance : Instaurer un environnement où les enseignants se sentent à l'aise pour partager leurs difficultés, leurs doutes et leurs expériences sans crainte du jugement. La collaboration entre pairs doit se baser sur le respect mutuel, l'écoute active et l'absence de hiérarchie. Des initiatives comme les "cercles d'apprentissage" informels, inspirés du modèle estonien, favorisent ce climat de confiance.
2. Partir des besoins réels et des problèmes concrets rencontrés en classe : Le développement professionnel doit répondre aux défis quotidiens des enseignants et des élèves. Il est important d'identifier collectivement les points faibles, les axes d'amélioration et les aspirations de l'équipe. L'analyse de productions d'élèves, l'observation croisée de classes et les discussions ouvertes sur les difficultés rencontrées permettent de cibler les actions de formation les plus pertinentes.
3. Encourager l'autonomie et la responsabilisation de l'équipe : Plutôt que d'imposer des formations descendantes, il est plus efficace de laisser les équipes définir elles-mêmes leurs objectifs de développement et choisir les modalités de formation qui leur conviennent. Cette autonomie favorise l'engagement et la motivation. Les "zones d'autonomie professionnelle", inspirées du modèle estonien, permettent aux enseignants de s'approprier leur développement et d'expérimenter librement dans un cadre défini.
4. Favoriser la collaboration entre pairs et le partage d'expériences : Organiser des temps de rencontre et d'échange réguliers où les enseignants peuvent partager leurs pratiques, leurs réussites, leurs difficultés et leurs réflexions. Les observations croisées de classes, les groupes de travail interdisciplinaires, les cafés pédagogiques informels, les "trinômes de développement professionnel" et les réseaux d'entraide virtuels (WhatsApp, X, Bluesky à présent) constituent des exemples de dispositifs favorisant la collaboration entre pairs.
5. S'inspirer des modèles internationaux et des initiatives locales : Analyser les dispositifs de développement professionnel mis en place dans d'autres pays (Finlande, Japon, Estonie, Canada, etc.) et identifier les pratiques transférables au contexte français. De nombreuses initiatives locales, comme les "constellations", les "lab pédagogiques" et les "Rendez-vous des possibles", peuvent inspirer l'équipe et lui permettre de s'approprier les bonnes pratiques.
6. Valoriser les petites réussites et les progrès quotidiens : Le développement professionnel est un processus progressif qui se construit pas à pas. Il est important de célébrer les petites victoires, les ajustements positifs et les progrès réalisés, même modestes. La mise en place d'un "journal des réussites" collectif, comme suggéré dans les sources, permet de partager les succès individuels et de renforcer la motivation de l'équipe.
7. Intégrer le développement professionnel dans la culture de l'établissement : Le développement professionnel ne doit pas être perçu comme une activité annexe, mais comme une composante essentielle du métier d'enseignant. Il est important de l'inscrire dans le projet d'établissement et de le communiquer clairement à tous les acteurs (élèves, parents, personnel administratif).
8. Mettre à disposition des ressources et des outils adaptés : Faciliter l'accès à des ressources documentaires, des outils numériques, des plateformes de formation en ligne et des espaces de travail collaboratifs. Organiser des formations sur l'utilisation des nouvelles technologies et des outils numériques pour le développement professionnel.
9. Évaluer l'impact du développement professionnel sur les apprentissages des élèves :Mettre en place des indicateurs de suivi des progrès des élèves en lien avec les actions de formation entreprises par l'équipe. Analyser les résultats collectivement et ajuster les dispositifs de développement professionnel pour maximiser leur efficacité.
10. Assurer un accompagnement personnalisé et un soutien institutionnel durable : Le chef d'établissement et l'équipe de direction jouent un rôle crucial en créant un environnement favorable au développement professionnel. Ils doivent accompagner les équipes dans leurs démarches, les soutenir dans leurs initiatives et faciliter l'accès aux ressources nécessaires.
10 messages aux parents pour soutenir les enseignants dans leur développement professionnel
Le développement professionnel des enseignants est essentiel à la réussite de vos enfants. Des études ont montré que les élèves dont les enseignants participent à un développement professionnel régulier progressent davantage.
Soutenir le développement professionnel des enseignants, c'est investir dans l'avenir de vos enfants. En encourageant les enseignants à se former, vous contribuez à créer un environnement d'apprentissage plus stimulant et plus efficace.
Le développement professionnel permet aux enseignants d'améliorer leurs compétences et d'acquérir de nouvelles stratégies pédagogiques. Cela leur permet de mieux répondre aux besoins de tous les élèves, y compris ceux qui ont des difficultés d'apprentissage.
Les enseignants qui participent à un développement professionnel sont plus motivés et plus engagés dans leur travail. Cela a un impact positif sur le climat scolaire et sur la réussite des élèves.
Vous pouvez soutenir le développement professionnel des enseignants en leur accordant du temps pour se former et en les encourageant à partager leurs apprentissages. Vous pouvez également participer à des réunions d'information ou à des ateliers sur le développement professionnel.
N'hésitez pas à demander aux enseignants ce qu'ils font pour se développer professionnellement et comment vous pouvez les soutenir. Les parents sont des partenaires importants dans l'éducation des enfants, et leur implication dans le développement professionnel des enseignants est essentielle.
Le développement professionnel des enseignants prend de nombreuses formes, des formations traditionnelles aux échanges entre pairs en passant par la recherche-action. Les enseignants peuvent choisir les formations qui répondent le mieux à leurs besoins et à ceux de leurs élèves.
Le développement professionnel des enseignants est un processus continu qui dure tout au long de leur carrière. Les enseignants doivent constamment s'adapter aux nouvelles connaissances et aux nouveaux défis de l'éducation.
En soutenant le développement professionnel des enseignants, vous contribuez à créer une école plus juste et plus équitable pour tous les élèves. Le développement professionnel permet de réduire les inégalités entre les élèves en donnant aux enseignants les outils pour mieux répondre aux besoins de chacun.
Le développement professionnel des enseignants est un investissement rentable qui profite à tous. Des élèves qui réussissent mieux, des enseignants plus motivés et un système éducatif plus performant, voilà les fruits du développement professionnel.
Foire aux questions sur l’écriture professionnelle
Les injonctions à rendre compte de l’action pédagogique, la conduite de projet à plusieurs, le développement de partenariat sont autant d’occasions de passer à l’écrit, ; les questions fusent, autant les rassembler ici dans une « foire aux questions ».
1. Comment passer d’un projet collectif à une trace écrite consensuelle ? Y a-t-il des techniques plus adaptées ? Un texte collectif est-il un texte de compromis? Peut-on juxtaposer des formes et des voix diverses ?
Entre la monographie univoque et jouissant d’une forte image d’unité, de consensus, et le journal, sur le modèle d’un quotidien de presse, avec des rubriques et des voix différentes, même si une ligne éditoriale est souhaitable, une grande variété de formes et d’arrangements est possible. Les contributions numériques le permettent d’autant plus (images, vidéos, photos, tags etc…).
2. Comment écrire à plusieurs, mettre en commun ? Quelles techniques et organisations pour dépasser ou contourner les conflits, les résistances à l’écrit ? Comment évaluer la participation des membres du groupe à l’écriture ? Faut-il un coordonnateur pour l’écriture de l’équipe, qui est garant, qui valide, qui accompagne ?
Toutes les configurations sont possibles: elles sont fonction de la dynamique propre à l’équipe, et la plupart ont déjà été testées par les équipes en innovation: du scribe qui écrit pour l’équipe, laquelle corrige et valide ensuite son travail, à la juxtaposition d’écrits individuels proposant un kaléidoscope de points de vue subjectifs sur l’action, en passant par l’écriture à deux, à trois.
L’accompagnateur peut proposer un cadre à l’action d’écriture, aider à l’organisation du travail et réguler la dynamique collective. Mais là encore, ce sont les besoins de l’équipe qui déterminent les modalités de travail. A L’issue d’une séance d’accompagnement, l’accompagnateur peut proposer une restitution de son point de vue (par carte heuristique, par série de questions sans réponse, par analyse des avancées), à restituer au coordonnateur d’équipe. L’écrit reste la propriété de l’équipe.
3. Ecrire, c’est rendre explicite ce qui est implicite, mais pour qui d’abord ? Pour soi ? Comment peut-on faire soi-même le bilan de sa propre action par l’écrit ? Quelle rétroaction sur la pratique ? Pour les autres ? Des collègues, des spécialistes ?
L’écrit, s’il est d’abord pour soi, est destiné dans un second temps, ou dans un même temps (selon les cas):
à tous les enseignants de l’académie par la publication des ressources produites
à toutes les personnes intéressées par des thèmes plus particulièrement approfondis et/ou par la réflexion sur les pratiques professionnelles (publication sur l’Internet)
à des responsables institutionnels, au niveau académique et national (recteur, directeur, corps d’inspection, coordonnateur académique, chefs d’établissement, formation…)
En ce sens, il est à la fois un travail de pensée, de mise au clair de sa pratique et des positions théoriques, éthiques qui la sous-tendent, et un travail de communication à autrui.
4. Comment rendre vivante l’écriture ? Efficace ? Ecrire réduit-il l’expérience et sa richesse ? Comment rendre compte des « petites choses » ? Comment ne pas perdre les qualités d’enthousiasme, de précision et de simplicité ?
Il y a peut-être plus de points communs que de différences entre l’écriture d’un récit de pratiques et celle d’un roman. Il s’agit notamment rendre sensible au lecteur la réalité des acteurs et de l’action.
Dans ce cadre de la description et du récit de l’action, il y a ce qui parle (les témoignages vivants assumés à la première personne, les exemples concrets, des paroles d’acteurs (enseignants, élèves…), des titres et un style "communicants"…), et ce qui ne parle pas (le jargon, les comptes rendus au style lapidaire, l’enchaînement de généralités, le survol rapide de tous les aspects du projet, l’évocation chronologique pointilleuse ou anecdotique sans tri ou mise à distance des éléments les plus significatifs, les sigles non explicités…).
5. Que veut dire « professionnelle » à côté d’écriture ? Ses spécificités ?
La spécificité de l’écrit professionnel tient d’une part à l’aspect collectif de l’entreprise (l’action et l’écriture), et à la dimension analytique qu’on attend d’un écrit qui témoigne d’une action engagée pour répondre à un problème.
Une action innovante se déroule rarement de façon linéaire ou sans surprise par rapport aux objectifs initiaux; des questions ou des effets imprévus apparaissent qui peuvent entraîner des réorientations du projet. L’analyse de ces surgissements, la complexité de l’imbrication des effets attendus et inattendus, l’évolution des objectifs et des mises en œuvre, les difficultés, les réussites sont autant de sujets possibles d’analyse approfondie.
Dans ce cadre aussi, il faut distinguer ce qui parle (l’analyse fine ancrée sur l’expérience, des éclairages que seuls les acteurs peuvent donner, l’approfondissement d’un ou plusieurs points particuliers,…) de ce qui ne parle pas (une théorisation non étayée sur les pratiques effectivement mises en œuvre, les redites, la langue de bois,…).
6 . Comment dépasser les carcans ou les habitudes la profession (secret, modestie…) ?
En écrivant ! Les ateliers d’écriture dans plusieurs académies montrent que l’instauration d’un cadre inhabituel (écriture individuelle, lecture collective, médiation d’un animateur ou accompagnateur) permet d’échapper aux routines, aux appréhensions, et d’ouvrir des perspectives de travail nouvelles.
L’accompagnement en établissement favorise aussi ce décentrage et cette ouverture à des pratiques différentes.
7. Quel retour sur les écrits d’équipe de la part de la hiérarchie? Comment dépasser la notion de bilan et envisager la continuité d’un projet ou d’une action ? Quel est l’impact de l’écrit sur le fonctionnement du système ? Quel est le mode de diffusion du texte ? Sa circulation ? Quel contrôle institutionnel? Comment l’écriture apporte-t-elle reconnaissance ?
De fait, comme pour la majorité des écrits, les productions des équipes génèrent moins de retours et de réactions explicites que leurs auteurs aimeraient en recevoir!
Cependant, les CARDIE dans chaque académie, sur leur site et dans des rubriques thématiques, relayés par les réseaux sociaux (Viaeduc, twitter, facebook), s’appuient régulièrement sur les travaux des équipes ou sur des extraits de leurs réflexions. Ces publications ont une vie qui nous échappe mais dont nous avons des échos: ils sont utilisés par exemple par des formateurs, des étudiants, des universitaires, la presse écrite et radio. Ces écrits permettent à des équipes d’être mieux repérées et elles participent aux appels à projet, tels que celui de la Journée nationale de l’innovation, depuis six ans à présent.
8. Y a-t-il une vie après l’écriture ? La destinée des écrits vient d’être évoquée. Et celle de leurs auteurs? Que deviennent-ils?
Les rapports entre écrit, acteur et action sont sous le signe de la diversité. Certains écrits mettent un point final à une action qui, une fois rapportée, disparaît.
Mais l’écrit peut constituer aussi l’amorce d’un nouveau projet, ou d’un infléchissement du précédent. Certains acteurs ont publié leur écrit, ou s’en sont servi dans le cadre de recherches ou de travaux universitaires, ou comme un point de départ d’une réflexion plus systématique sur le système éducatif et qui, à terme, a orienté leur carrière. En cela, l’écrit professionnel est un moment privilégié et charnière du développement professionnel des enseignants.
« Le miroir des pratiques », éléments d’ingénierie pour l’auto-évaluation d’une équipe
Le développement professionnel combine expérimentation, analyse, formation complémentaire et évaluation. Ce dernier point reste encore une difficulté récurrente en l’état de nos outils et des choix institutionnels au niveau de l’établissement –(tableau de bord, évaluations formelles, etc, :
« Ils essayaient de « donner de la valeur à ce qu’ils mesuraient au lieu de mesurer ce à quoi ils donnaient de la valeur» (Hargreaves & Shirley, 2009, p. 31).
Elle peut être contournée en la transformant en une enquête sur les pratiques en continu et outillée.
Des modalités plus efficaces que d’autres ? Conséquences pour l’accompagnement, la conception et l’organisation de l’évaluation d’école. Ici est proposé un atelier pour s’initier à la démarche et s’emparer de quelques ressources, de sorte à pouvoir les introduire dans les équipes, la sienne, ou celle qu’on va accompagner.
La démarche se construit en 5 étapes sur les 2 heures de l’atelier. - on peut proposer la constitution de 4 groupes de 5 participants pour progresser sur des exemples réels et ainsi envisager la variété des situations. A chaque étape, il y a donc une phase de travail en groupe et une phase de communication en grand groupe.
1- Répertorier des domaines d’activité qui peuvent être utilisés comme base de discussion pour améliorer le fonctionnement de l’établissement ou de l’école et dynamiser l’innovation pédagogique – se reporter à l’annexe 1 ;
2- Constituer un groupe d’auto-évaluation créé et présidé par un membre de l’unité ou par un observateur extérieur qui agit comme un « ami critique » - explorer la pertinence d’un tel groupe, proposer des configurations variées en fonction du contexte ; envisager l’intérêt ou non d’un « ami critique » ; prévoir un mode de fonctionnement sur la durée.
3- Engager un travail spécifique de recherche d’éléments nouveaux pour certains domaines jugés prioritaires. Un domaine peut être choisi pour de multiples raisons : les opinions sont très divergentes, il y a une absence évidente de données, c’est une faiblesse révélée de l’unité éducative, c’est un domaine prometteur dans lequel l’établissement ou l’école peut faire des progrès. – veiller à ce que chaque groupe choisisse un type de domaine différent des autres.
4- Se poser les bonnes questions avant de privilégier telle ou telle méthode (voir annexe 2)
Proposer cette check-list à chaque groupe. Mettre en commun les questions qui posent problème.
5- Choisir et utiliser les outils appropriés. S’assurer que ces indicateurs sont compris par tous et qu’ils pourront être alimentés régulièrement pour permettre une comparaison dans le temps et dans l’espace. (voir annexe 3)- à partir de la liste des méthodes et techniques possibles dans l’enquête, chaque groupe, à partir du domaine choisi plus tôt, propose un dispositif d’enquête réaliste et efficace pour « mesurer ce qui a de la valeur ». ; présentation du travail au grand groupe et discussion.
Conclusion : reprise par l’intervenant en cartographiant les pratiques et dispositifs évoqués tout au long de la séance (selon la « croix » évaluation formative/sommative et évaluation interne/externe).
10 manières dont un enseignant peut rendre compte de son développement professionnel à sa hiérarchie
1. Tenir un carnet de bord professionnel. Un carnet de bord permet de documenter les formations suivies, les lectures professionnelles, les réflexions sur sa pratique et les expérimentations pédagogiques. Il peut servir de base pour des discussions avec la hiérarchie sur les progrès réalisés et les besoins de développement futurs.
2. Rédiger un rapport synthétique après chaque formation. Ce rapport peut résumer les apprentissages clés, les idées mises en pratique et l'impact observé sur les élèves. Il permet de montrer à la hiérarchie que la formation a été profitable et qu'elle a eu des retombées concrètes sur la pratique pédagogique.
3. Partager des exemples de travaux d'élèves. Montrer des productions d'élèves qui illustrent les progrès réalisés grâce aux nouvelles approches pédagogiques adoptées suite à un développement professionnel. C'est une manière tangible de démontrer l'impact positif de la formation sur les apprentissages.
4. Organiser des présentations ou des ateliers pour les collègues. Partager ses connaissances et ses compétences acquises lors de formations avec ses pairs permet de diffuser les bonnes pratiques et de contribuer au développement professionnel de l'ensemble de l'équipe. La hiérarchie peut être invitée à ces moments de partage pour observer l'impact du développement professionnel.
5. Solliciter des observations de cours par des pairs ou la hiérarchie. Demander à des collègues ou à des membres de la hiérarchie d'observer sa pratique en classe et de fournir un feedback constructif. C'est une manière de montrer son engagement dans une démarche d'amélioration continue et de recevoir des conseils pour progresser.
6. Participer activement aux réunions d'équipe et aux projets d'établissement. S'impliquer dans la vie de l'école et contribuer aux projets collectifs permet de mettre en pratique ses compétences et de démontrer son leadership. La hiérarchie peut observer l'enseignant dans ces situations concrètes et apprécier son engagement.
7. Mettre en place des dispositifs d'évaluation des apprentissages des élèves. Développer et utiliser des outils d'évaluation qui permettent de mesurer les progrès des élèves et d'ajuster sa pratique en conséquence. Partager les résultats de ces évaluations avec la hiérarchie pour démontrer l'impact positif du développement professionnel sur les apprentissages.
8. S'engager dans des projets de recherche-action en collaboration avec des chercheurs ou d'autres enseignants. Mener des expérimentations pédagogiques rigoureuses et documentées permet de développer une expertise reconnue et de contribuer à l'avancement des connaissances dans le domaine de l'éducation. La hiérarchie peut être informée des résultats de ces projets de recherche-action et les valoriser dans le parcours professionnel de l'enseignant.
9. Contribuer à la création et à l'animation de réseaux d'apprentissage professionnels. Partager ses expériences et ses ressources avec des collègues d'autres établissements ou d'autres disciplines permet d'enrichir sa pratique et de contribuer à une culture collaborative du développement professionnel. La hiérarchie peut soutenir ces initiatives et les valoriser comme des preuves d'engagement et de leadership.
10. Intégrer les apprentissages du développement professionnel dans son portfolio I-PROF. Documenter ses compétences et ses expériences professionnelles dans son portfolio I-PROF permet de valoriser son parcours de développement et de le rendre visible pour la hiérarchie. C'est une manière de montrer l'impact du développement professionnel sur sa carrière et de justifier des demandes de promotion ou de mobilité.
En plus de ces 10 manières, il est important de communiquer régulièrement avec sa hiérarchie sur ses objectifs de développement professionnel, ses progrès et ses besoins. Un dialogue ouvert et transparent permet de créer un climat de confiance et de soutien mutuel.
Conclusion
A l'issue du parcours #20IDDP portant sur 20 idées reçues sur le développement professionnel des enseignants, en s'appuyant du point de vue des enseignants sur les propos et analyses recueillies auprès de centaines de collègues, ici et ailleurs,
Alors quelques éléments pour conclure: cette analyse met en évidence la complexité et l'interconnexion des différents freins au développement professionnel des enseignants. On peut observer que ces résistances relèvent de plusieurs dimensions :
Psychologique (croyances, peurs)
Pratique (temps, ressources)
Sociale (relations avec les pairs)
Institutionnelle (cadre, obligations)
Professionnelle (compétences, expertise)
Face à ces différentes résistances, légitimes et compréhensibles, il existe des chemins possibles pour s'engager sereinement dans son développement professionnel.
Commençons par l'essentiel : chaque pas compte, même petit.
Le changement n'a pas besoin d'être radical pour être significatif. Vous pouvez débuter par ce qui vous parle le plus, ce qui fait sens dans votre contexte spécifique. Par exemple, échanger 15 minutes avec un collègue sur une situation de classe qui vous interroge, c'est déjà du développement professionnel. Observer une pratique qui fonctionne dans la classe d'à côté et l'adapter à votre façon, c'est aussi cela se développer professionnellement.
N'hésitez pas à partir de vos réussites actuelles, aussi modestes soient-elles. Ce qui fonctionne déjà dans votre classe est un excellent point de départ pour aller plus loin. Le développement professionnel n'est pas tant une rupture avec vos pratiques qu'un enrichissement progressif de celles-ci.
La dimension collective est précieuse : créez des alliances, même informelles, avec des collègues qui partagent vos questionnements. Un café pédagogique improvisé en salle des professeurs peut être plus enrichissant qu'une formation formelle. L'entraide entre pairs, le partage d'expériences, les projets communs, même modestes, sont autant d'occasions de progresser ensemble.
Rappelez-vous que vous n'êtes pas seul(e) : votre établissement, votre académie disposent souvent de ressources inexploitées. Des collègues plus expérimentés, des personnes ressources, des réseaux professionnels peuvent vous accompagner selon vos besoins. L'important est de trouver les modalités qui vous conviennent, à votre rythme.
Le développement professionnel n'est pas une course, c'est un voyage. Certaines périodes seront plus propices que d'autres pour s'y engager. L'essentiel est de garder cette curiosité professionnelle, cette envie d'explorer de nouvelles possibilités pour vos élèves et pour vous-même.
Enfin, valorisez chaque progrès, chaque petit succès. Le développement professionnel se nourrit de ces satisfactions quotidiennes : un élève qui progresse grâce à une nouvelle approche, une séance qui fonctionne mieux après un ajustement, un projet qui prend vie avec des collègues... Ces réussites, même modestes, sont les meilleurs moteurs pour continuer à avancer.
En définitive, le développement professionnel n'est pas une contrainte supplémentaire, mais une opportunité de donner plus de sens et de satisfaction à votre métier. Il vous appartient de le façonner à votre image, en fonction de vos besoins, de votre contexte et de vos aspirations professionnelles. C'est vous qui êtes aux commandes de votre développement professionnel : faites-vous confiance !
François Muller
consultant en éducation reconnu en France pour son expertise dans le domaine de l'innovation pédagogique et du développement professionnel des enseignants, dans de nouvelles approches d'apprentissage. Fort de plus de 30 ans d'expérience dans le secteur, il a acquis une réputation d'expert grâce à son approche pragmatique et sa capacité à traduire les dernières tendances en matière d'éducation en solutions concrètes pour les établissements scolaires. Il a publié plusieurs ouvrages de référence sur les innovations pédagogiques Ses articles et tribunes sont régulièrement relayés sur des plateformes en ligne spécialisées dans l'éducation.
[1] Voir l’article de Philippe Perrenoud, http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1983/1983_01.html
[2] Les caractéristiques d’une unité éducative avec de mauvais résultats scolaires , d’après David Reynolds, « The Study and Remediation of Ineffective Schools: Some Further Reflections” in Stoll L., Myers K., No Quick Fixes. Perspectives on Schools in Difficulty, 1998, London, Routledge
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La série est éditée aussi dans un livre en ligne
Et cet ouvrage peut être téléchargé en cliquant ici
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