Se concentrer sur un objectif de savoirs, sur une famille de compétences n’empêche absolument pas de varier les temps d’un cours, nous l’avons vu en esquissant la variété des repères à donner aux élèves. Stéphanie Leloup avait noté cette tension entre le désir des élèves d’activités variées pendant l’heure de cours et la tendance de l’enseignant à se concentrer sur une tâche.
On peut arguer de la faible capacité d’attention des élèves et donc de la nécessité de changer d’activités toutes les dix minutes. C’est un argument que l’on entend beaucoup, en primaire notamment alors que les études sur l’attention montrent qu’elle dépend fortement de la nature propre de l’activité. Toutes les activités ne se valent pas : elles dépendent de la mobilisation intellectuelle, de la sollicitation ou de l’interrogation qu’elles engagent.
Activités alternatives et supports variés
Selon une typologie proposée par André de Peretti(1) le cours peut prendre des formes alternatives au mode classique ou des temps successifs dans la séance, tout aussi intéressantes pour les élèves et riches pour le professeur.
(1) A. de Peretti, Encyclopédie de l’évaluation en formation et en éducation, ESF, Paris, 2010.
Voici quelques exemples.
Plusieurs phases dans un cours. Le cours peut s’articuler autour d’une ou de plusieurs activités :
• exposition (apport de connaissance, démonstrations, présentation d’objectifs) ;
• illustration (métaphores, histoire de la discipline, images, anecdotes…) ;
• motivation pour la discipline (explications, étude des représentations chez les élèves) ;
• mémorisation, vérification des connaissances, révisions ;
• exercices d’application, interrogations, travaux pratiques ;
• discussion (débats, étude de la compréhension, assimilation) ;
• autoévaluation, coévaluation, correction de devoirs ;
• détente, relaxation, exercices de concentration, respiration, fond musical ;
• créativité, exercice de l’imagination, échanges libres, créations, etc.
Des supports diversifiés. Ils peuvent être utilisés ou produits à tout moment du cours en tant que :
• documents imprimés, fiches ou écrits (uniformes ou de difficultés différenciées) ;
• panneaux affichés, cartes, tableaux, schémas, grandes feuilles ;
• diapos au vidéoprojecteur (préparées ou exécutées en classe) ;
• photolangage, affiches publicitaires ;
• films à thèse, documentaires techniques ou historiques ;
• vidéo pour enregistrer un échange ou une phase de la classe ;
• enregistrement sonore, musique d’ambiance et de soutien ;
• bandes dessinées (bulles à compléter ou à réaliser) ;
• tablettes numériques, didacticiels ;
• contrats d’objectifs passés avec les élèves .
Une méthodologie évolutive. L’enseignant peut varier le style de sa démarche en s’appuyant sur :
• des paradigmes variés (portant l’accent tantôt sur des connaissances, des opérations, la culture générale, l’expression personnelle, les relations entre les élèves, des activités, des représentations ou des technologies) ;
• la création de dispositifs ou situations d’apprentissage ou de travail autonome ;
• des points de didactique de progression et de difficultés différenciées ;
• des rôles variés confiés à des élèves ;
• l’exploitation d’activités d’enquête, de documentation ou de visite ;
• des séances interdisciplinaires (par intervention bivalente du professeur sur un thème transversal) ;
• des séances interdisciplinaires (par intervention conjointe de plusieurs enseignants ou d’experts extérieurs à l’établissement):
« Conduire sa classe » : Un manuel et des vidéos pour les professeurs des écoles
Stéphane Grulet enseigne depuis près de vingt ans. Il est en poste à Charleville-Mézières et maître formateur. Boualem Aznag est animateur en centre de loisir et réalisateur vidéo. Le livre suit ce qui serait une année d’enseignement en commençant par la préparation de sa classe à la rentrée. Et on entre dans l’enseignement par la gestion de l’espace de cette classe. Aménager sa classe, c’est déjà faire des choix pédagogiques. Le livre entre dans les détails de la préparation d’une salle de classe en maternelle comme en élémentaire. Il montre com- ment organiser des coins jeux au cycle 1 par exemple, comment exploiter les outils collectifs de la classe. Il montre aussi la préparation et l’usage du cahier journal, le document de base des professeurs des écoles.
La seconde partie permet de préparer séquence et séance d’apprentissage. Il invite à varier les traces écrites. Montre l’intérêt des rituels. Un chapitre est aussi consacré aux travaux de groupe.
La dernière partie du livre aborde la question de la diversité des élèves. Comment différencier sa pédagogie en maternelle comme en élémentaire et comment rendre ses élèves plus autonomes. - Boualem Aznag, Stéphane Grulet, Conduire sa classe : 30 conseils en vidéo, Retz éditeur, 2016.
De la souplesse et un zeste d’improvisation
La variété requise renvoie au dernier élément souligné par les élèves de Stéphanie Leloup : la conduite du cours doit être suffisamment souple pour intégrer, si l’occasion se présente, une discussion sur un sujet d’actualité. Les élèves souhaitent également, dans la mesure du possible, aborder des sujets « intéressants », c’est-à-dire, dans la plupart des cas, des sujets qui font partie de leurs préoccupations personnelles. Si on les écoute bien, elles ne sont jamais bien loin de sujets de société… inscrits dans quelques pro- grammes en « langue scolaire », compilés dans le « socle des connaissances et des compétences ».
Un inspecteur de SVT (sciences de la vie et de la terre) proche de la retraite confessait que le meilleur cours auquel il avait assisté avait été celui d’un professeur qui, un matin de janvier verglacé, avait complètement bouleversé sa séance, pour «improviser » (une façon de parler) un cours sur le phénomène météorologique exceptionnel qui animait toutes les conversations. Connaissances scolaires ou moins formelles ont été mises en lien au cours d’échanges très riches avec les élèves. Ce jour-là, tout le monde avait appris.
Ce post relève d'une mini-série sur ce blog, dont vous retrouvez les épisodes liés ici
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