« Faire cours » peut d’abord s’entendre comme activité basique : diriger une séance avec des élèves, au sens étymologique de « pédagogie » (conduire une séance avec des élèves). Pourrions-nous alors interroger nos propres modes de direction afin que les élèves « suivent » et apprennent mieux ?
AUTOTEST
D’après votre propre représentation, et en vous appuyant sur votre expérience en la matière, pour vous, vous êtes un « bon » prof quand…
Classez les items par ordre d’importance, de 1 à 10 (de 1, le plus important, à 10, le moins important).
❏ Vous êtes dynamique.
❏ Vous êtes franc.
❏ Vous donnez du sens à votre enseignement.
❏ Vous aimez enseigner.
❏ Vous êtes tolérant.
❏ Vous êtes heureux.
❏ Vous utilisez correctement les supports pédagogiques.
❏ Vous faites travailler vos élèves.
❏ Vous êtes patient.
❏ Vous faites aimer votre matière.
❏ Vous êtes juste.
❏ Vous avez de la culture générale.
❏ Vous respectez l’élève.
❏ Vous êtes gentil.
❏ Vous vérifiez le travail à faire.
❏ Vous êtes calme.
❏ Vous êtes charismatique.
❏ Vous séparez votre vie privée de votre vie professionnelle.
❏ Vous encouragez les élèves.
❏ Vous avez un bon contact avec les élèves.
❏ Vous savez tenir vos classes.
❏ Vous êtes attentif aux élèves.
❏ Vous sollicitez beaucoup les élèves.
❏ Vous donnez une bonne image du savoir.
❏ Vous maîtrisez votre sujet.
❏ Vous êtes strict.
❏ Vous n’imposez pas votre savoir.
❏ Vous construisez votre cours.
❏ Vous expliquez bien.
❏ Vous êtes souriant.
❏ Vous savez installer une ambiance et de travail et de détente.
❏ Vous faites de l’humour pendant votre cours.
❏ Vous animez votre cours.
❏ Vous savez faire des applications dans votre cours.
❏ Vous rapprochez le cours de ce que connaissent les élèves.
FAIRE LA CLASSE, UNE CONDUITE SEREINE ?
« Monsieur le prof » (un surnom, évidemment) tenait son blog(1) au sein d’un collège de banlieue parisienne. Ici, il tente de comprendre ce que l’inspection veut de lui et en tire une conclusion (temporaire).
Le quotidien vécu comme une urgence. -
« Créer un bon cours est pour moi un art, et j’aime la réflexion que ça implique. Hélais, comme je l'ai dit, tous mes cours ne sont pas le fruit d'une telle réflexion, et bien trop souvent, je travaille dans l'urgence, à me demander ce que je ferai faire à mes élèves sans avoir le temps de réfléchir en amont et sur la durée. J’espère que les années et l’expérience me permettront de me construire un catalogue de cours bien construits et pertinents afin de ne plus rencontrer ces problèmes".
La construction de l’autorité reste un processus qui n’a rien d’inné(2).
LE « BON COURS » SELON LES ÉLÈVES ET LES PROFS
Notre collègue TZR par ailleurs acquiert une expérience et éprouve ses convictions, en mesurant régulièrement des décalages importants avec des comportements d’élèves, qu’il ne parvient à s’expliquer. Le malentendu devient récurrent entre enseignants et élèves, une sorte de « dépit amoureux », à propos de ce que serait un « bon cours (3) .
Le point de vue des élèves
Les élèves disposent d’une certaine expertise quand ils identifient les caractéristiques d’un « bon cours » :
Il n’y a pas de problème de discipline (les élèves insistent particulière- ment sur ce préalable à tout enseignement).
La structure du cours est très importante.
Les activités sont variées au sein d’une heure de cours et ils y font beaucoup de choses différentes.
Ils ont le sentiment d’avoir avancé, que ce soit dans le programme ou dans la maîtrise de certaines compétences.
Le cours doit être assez souple pour intégrer la discussion sur un sujet d’actualité si l’occasion se présente, en abordant si possible des sujets « intéressants », c’est-à-dire, dans la plupart des cas, des sujets qui reflètent leurs préoccupations personnelles.
Le cours doit avoir un sens et le fait de ne pas terminer une leçon laisse toujours un sentiment d’inachèvement et donc d’inutilité.
Adopter une démarche particulière (cours magistral dialogué, cours basé sur l’inductif) ou utiliser des supports de cours (numérique, audiovisuel principalement) sont, pour les élèves, des aspects secondaires.
Le point de vue des enseignants
Reprenez vos réponses à l’autotest du début de chapitre. D’après les enseignants, le cours est « bon » si :
les élèves participent ;
les élèves comprennent le cours, item que l’on peut rapprocher de :
Les élèves y ont appris des choses » ;
le professeur a la conviction intime que son cours est bien ;
il y a une bonne ambiance ;
le temps passe vite.
Viennent ensuite des points mineurs : le cours est structuré, il a des objectifs, il donne le sentiment d’avancer et il n’y a pas de problème de discipline.
La confrontation des points de vue
Si l’on compare les points de vue des élèves et des enseignants, on constate que leurs perceptions divergent :
« Sait tenir sa classe » : ce point est constant du côté des élèves, et quasiment jamais évoqué par les enseignants qui préfèrent mettre en avant le « bon contact » (dimension interpersonnelle) et les compétences techniques d’ingénierie pédagogique (« faire travailler », construire, etc.). Cedécalage peut expliquer des malentendus parfois importants dans quelques situations ambiguës où le groupe attend d’être guidé ou managé, construit et maîtrisé, et sans qu’il en reçoive les signes explicites, parce que le « conducteur » regarde finalement ailleurs et focalise son attention sur la transmission.
La conduite de classe (préférable à la « tenue de classe ») relève d’une réelle compétence et des techniques qui font donc une grande différence aux yeux des principaux intéressés, c’est-à-dire les élèves.
L’organisation d’un collectif en groupe pour apprendre n’est pas une option. C’est là une réelle analyse de besoin pour nous tous,cruciale pour les organisations de formation professionnelle, initiale et continue, les ESPE et les Ecoles académiques de formation continue (EAFC) depuis 2021
(1). http://urlz.fr/6uRe
(2). Sur l’autorité enseignante, voir Bruno Robbes, L’autorité enseignante. Approche clinique, Champ social, Nîmes, 2016.
(3) D’après les conclusions de Stéphanie Leloup, « Les représentations du cours “idéal”», thèse de doctorat, 2003, université de Reims. À retrouver sur le site de Jacques Nimier : www.pedagopsy.eu/ennui_des_lyceens.html
Ce post relève d'une mini-série sur ce blog, dont vous retrouvez les épisodes liés ici
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