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F comme formation professionnelle, initiale et continue (le carré magique, suite)

  • Photo du rédacteur: François Muller
    François Muller
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

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Exercice: choisissez les deux propositions qui vous conviennent le mieux, et deux propositions que vous rejetez. Parlez-en avec votre collègue, votre inspecteur, votre directeur.

  

Q-sort sur la formation

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Formation des néo-titulaires, animations pédagogiques, conférences de cycle sont des petites parties d’un genre traversé, la « formation »,  par des mutations importantes ces dernières années :

 

  • La formation est devenue plus politique et stratégique ;

  • il y a une  technicité de la formation: (norme ISO), d’où l’ingénierie de formation et les masters 2 qui se développent actuellement, la certification de type CAFFA par exemple ;

  • une économie de la formation: la formation a un coût, elle est soumise à un budget restreint Elle se doit d'être efficiente, à coûts moindres.

  • La formation devient plus contextualisée : elle prend en compte les conditions concrètes et spécifiques pour développer les compétences d'une équipe. C'est une formation accompagnante,  pensée sur la durée.

  • Il importe de développer des formes alternatives à la seule modalité connue de « stage ».

 

Ces « trends » ont un impact certain sur les compétences mobilisées ou à développer, sur sa posture et donc son identité professionnelle.

 

Tous s’entendent pour dire que la formation doit exister, mais former pour quoi ? Et à partir de quoi ? Former comment ? Les réponses sont conflictuelles, et ce n’est pas le moindre des paradoxes que constater que dans notre institution consacrée à la formation, nous ne soyons pas encore d’accord sur les objectifs et les modalités de la formation des enseignants. Encore un ministre disait reconnaître ne pas savoir ce qu’était un IUFM. En 2025, nous en sommes à la troisième génération, sans grande satisfaction encore.

 

L’administration pèse lourd dans cet état des choses : en se cantonnant à la prescription et aux instructions, elle n’envisage pas les moyens techniques, humaines, conceptuels pour sa réalisation. L’enfer est pavé de bonnes intentions ; manifestement, l’Éducation nationale y songe aussi. Et l’histoire ?

 

Quand il s’est agi d’organiser plus rationnellement la formation des enseignants, au moment de la création des IUFM,  à l’issue du rapport de Peretti, les situations se sont très vite, trop vite, perverties par le jeu des forces en présence et des intérêts parfois contradictoires. Anciens personnels des Ecoles normales, personnels universitaires, économie de la formation (en particulier pour la préparation aux concours), temps des décharges, statuts infinis des formateurs. L’équation a donné une forme irrésolue et pesante de l’organisation des formations, d’ailleurs assez similaire à ce que nous trouvons dans un établissement classique d’enseignement du second degré. Il s’agit de faire cours, d’organiser des services, de valider des diplômes.

 

Mais jamais, à distance des mises en œuvre et des responsabilités,  on n’a remis en question la place d’un concours à l’issue de la première année, qui transforme celle-ci en un bachotage, et pervertit la deuxième année en quelques modules saccadés ; dès le début, il y a eu perte de sens et de cohérence. Plus l’ouverture à des candidats extérieurs, inexactement légale.

 

Finalement, on a vite ramené la formation professionnelle à quelque chose de connu, l’instruction de savoirs à  des élèves. Sans prendre en compte la réelle spécificité d’une formation professionnalisante. Philippe Perrenoud fait une distinction classique toujours vérifiée entre des savoirs à enseigner et des savoirs pour enseigner. Il est clair qu’en France nous recrutons et nous formons encore sur des savoirs à enseigner, dans une approche de type contenus, sans grande considération ni de temps consacrés aux processus en jeu… et qui se jouent de nous.

 

Si l’institution détermine aujourd’hui de façon plus affirmée (enfin) quel élève elle doit former (en rapport avec le « socle commun » en fin de collège), nous pouvons donc désormais travailler sur les profils adaptés des enseignants, sur leurs compétences nécessaires et donc sur leur besoin professionnels en formation.

 

Cependant, il faut croire que dans notre analyse il faille encore intégrer d’autres ingrédients qui selon les doses, prescrites ou non, rendront la mixture douce-amère ou salé-sucré. Dans tout protocole scientifique d’observation, nous devons tenir compte de l’observateur et des hypothèses qui préside à l’expérience qu’il mène. C’est la même chose en formation ; cadres et formateurs ne sont pas extérieurs au processus de formation ni aux contenus ; ils sont parties et acteurs pleins et entiers en ce qu’ils jouent et font jouer des valeurs qui les transcendent, ne serait-ce que par les mots ou paradigmes auxquels il se réfèrent.

 

Ainsi, au cours d’une conférence sur le métier, Jean-Pierre Astolfi[1] a débusqué deux séries de dix mots : d’un côté,  les mots couramment employés, de tradition « classique » ; de l’autre, des mots, plus nouveaux en un sens, que l’on trouve tout aussi bien dans les mêmes textes que les précédents, mais n’empêche, ils sont issus des sciences de l'éducation.. Ces deux séries de mots renvoient à deux modèles de l'acte d'apprendre, comme à deux modèles de la profession d’inculquer des connaissances ou savoir-faire.

 

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Le propos ici n’est pas dogmatique, il s’agirait bien de former concrètement et opérativement des enseignants, impliqués, efficaces, diversifiés dans leurs profils d’apprentissage, d’enseignement, d’expérience, autant que les élèves, concernés et soucieux de la formation des jeunes, capables de s’adapter à des contextes d’enseignement différents selon les niveaux, selon les régions, et de s’ajuster aux évolutions contemporaines de notre société.

 

Bien sûr, il peut y avoir débat sur le métier, ses valeurs et ses variétés de pratiques ; le problème bien souvent, c’est qu’il n’y en a pas encore de débat dans les salles de profs ou des formateurs. Le rôle de la formation initiale doit être à la fois réaffirmée et replacée dans un contexte de parcours professionnel. On ne peut pas tout avec un diplôme. Et la formation initiale ne peut pas préparer à tout. C’est un leurre dont nombre de jeunes s’emparent et c’est dommage pour eux comme pour l’institution.

 

Faisons alors le point sur la nature et l’ampleur de la formation par l’examen de quelques éléments  sur la formation des enseignants.

 

Bien des reproches ont été formulés sur la formation, initiale et continue : infantilisante, inefficace, redondante, inadaptée ; à tort ou à raison parfois, le regard porté sur sa propre formation est souvent critique, il montre une certaine réflexivité sur le métier.

 

Nous n’avons cependant pas toujours à réinventer la formation ; nous prendrons ici appui sur deux descriptions qui nous ont semblé efficaces ; comme toute recette de cuisine, c’est déjà pas mal de la suivre, puis de s’en détacher pour y apporter sa propre touche.

 

D’après Barbara Mac Combs[2], former revient à :

¨ Proposer des objectifs et des consignes clairs

¨ Tenir compte de l’intérêt des élèves

¨ Proposer une activité à l’image des activités accomplies dans leur métier

¨ Représenter un défi à relever

¨ Utiliser des stratégies de résolution de problèmes

¨ Utiliser des connaissances acquises dans différents domaines

¨ Donner l’occasion de faire des choix

¨ Travailler sur une période de temps suffisante

¨ Conduire à un produit fini

 

Pour sa part, Perrenoud[3] reprend quelques critères de qualité d’une formation professionnelle en ce qu’elle puisse mettre en œuvre :

¨ Une transposition didactique fondée sur l’analyse des pratiques et de leurs transformations.

¨ Un référentiel de compétences clés.

¨ Un plan de formation organisé autour des compétences.

¨ Un apprentissage par problèmes.

¨ Une véritable articulation entre théorie et pratique.

¨ Une organisation modulaire et différenciée.

¨ Une évaluation formative.

¨ Des temps et des dispositifs d’intégration des acquis. 

¨ Un partenariat négocié avec les professionnels.

 

Ces deux listes sont intéressantes en ce qu’elles prennent en compte la dynamique professionnelle d’adultes, où la formation se fait par processus et construction.

Mais la formation doit être soutenue, impulsée dans sa complexité institutionnelle.


[1] Jean-Pierre ASTOLFI  ISP-Formation Le 18 avril 2005, « Le métier d’enseignant entre deux figures professionnelles »

[2] Mid.Continent Education laboratory Colorado, 1993,

[3] Perrenoud, Ph. (1999) De quelques compétences du formateur-expert, Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation.

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Extrait de la "fabrique de l'accompagnement",novembre 2025 -

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