https://open.spotify.com/episode/0OUW6F91vN9vKtjhWK6REc?si=MMbmcOZDTDS6KIOJh1ZSYg
top of page

E comme espaces et temps du travail en éducation (le carré magique, suite)

  • Photo du rédacteur: François Muller
    François Muller
  • 3 nov.
  • 4 min de lecture
ree

Cette composition synchronistique met en résonnance Dali, Tintoret, et Desiderio. Elle peut être interprétée comme une sorte de psychanalyse picturale de l’espace-temps. L’impression de ramollissement irrémédiable de l’espace et du temps est ressentie en particulier quand on pense à notre propre mort, et qu’on se persuade que toutes les montres vont alors s’arrêter pour indiquer de façon obsessionnelle l’heure exacte de notre disparition Voir https://www.galerie-com.com/oeuvre/ramollissement-imprevisible-de-l-espace-temps-ou-l-invasion-des-montres-molles/342391/



C’est ici la variable du carré qui semble à l’étude des pratiques la plus invariante. Sur notre « tableau de bord » de notre système de pilotage, il apparaîtrait que, quel que soit l’école ou l’établissement considéré, nous soyons tous soumis au même régime, morcelé, émietté, de l’organisation du travail ; une salle, une classe, un enseignant, une heure. A étudier ce type d’organisation, nous pourrions facilement la rapprocher de celle imaginée par l’ingénieur Taylor dans les usines Ford des années 20. Un travail simple d’effectuation de tâches, posté à la chaîne pour des emplois non qualifiés. Les enseignants seraient-ils alors des « O.S. » de la pédagogie ?

 

Typologie des difficultés rencontrées par les équipes en innovation

 

L'accompagnement d'équipe n'existe pas en soi, mais trouve son origine dans un processus complexe, sous forme d'une chaine:

  • que doivent faire les élèves dans un contexte changeant (Socle commun, amélioration des acquis des élèves) ?

  • par conséquent, que doivent faire les équipes, enseignants et direction comprise ?

 

Les remontées des bilans d'étapes et des consultations des personnels sur le terrain rendent compte d'un certaine nombre de difficultés ou de résistances; (voir schéma dessous).

 

C'est uniquement à partir d'une analyse des besoins professionnels documentée et suivie que des réponses peuvent être proposées, au plus près des questions des personnels.

 

ree

 

L'accompagnement est donc une modalité qui semble répondre le mieux, quand il peut s'ajuster aux besoins particuliers d'une équipe (variété des approches), sur un temps suffisant. Il ne peut être efficace que si d'autres éléments peuvent être modifiés. Dans plus de trois quarts des cas, les questions renvoient à une situation locale et interne.

 

A ne pas penser l’organisation du temps et de l’espace, il a trop souvent été aisé d’administrer la chose scolaire en laissant agir d’autres logiques que celles de l’efficacité des apprentissages. De fait, il est plus simple pour tout le monde d’en rester à des petits arrangements aux dépens de  l’intérêt des élèves, d’assurer plutôt le confort des anciens, de conforter la routine inévitable,  et ainsi de faire jouer des petites « unités » interchangeables. Toute autre organisation plus volontariste, si ce n’est obligatoire, due aux textes, comme par exemple, les temps d’EPS ou de laboratoire, les alignements de langues vivantes, ou encore les travaux interdisciplinaire, est vécue comme une contrainte dont on se défait au plus vite, on la « réduit ». Mais de façon générale, la réflexion ne porte jamais sur l’aménagement du rythme scolaire, surtout dans le secondaire.

 

Les évaluations attestent dans le primaire que 40% des élèves connaissent une autre organisation, souvent un aménagement minime comme le passage du samedi matin au mercredi matin, à la demande des parents. L’histoire récente montre que toucher au temps et à l’espace scolaire est un facteur déclencheur de conflits, et que dans ce domaine, il faut bien adopter le sceau de l’expérimentation pour s’autoriser à quelques initiatives… que rien n’interdit par ailleurs.

 

Dans n’importe quelle autre organisation, l’organisation du travail réunit et constitue des moyens et des ressources mis au service d’objectifs affirmés et évalués. Non, ce n’est pas le cas dans nos établissements. Ils ont beau afficher des projets d’établissements aux objectifs, pas trop différenciés, leurs choix en organisation spatio-temporelle des apprentissages sont en indépendants.

 

Notre travail de formateur est ici d’étudier ce champ d’investigation, en s’appuyant notamment sur les travaux menés à l’INRP par Aniko Husti [1]notamment. Les différentes expérimentations menées en ce temps dans des centaines d’établissements sur tout le territoire ont permis d’envisager qu’à moyens horaires égaux (on dit DHG, dotation horaire globale), les solutions alternatives en organisation sont nombreuses, pourvu que et enseignants et direction, ensemble, accordent leurs objectifs. La relative complexité technique engage la compétence partagée ; et il s’agit bien ici d’un besoin de formation, peu satisfait malencontreusement ou encore jusqu’ici.

 

Nous pourrions retenir quelques pistes intéressantes en matière d’organisation du travail (cochez la ou les cases qui rencontre votre adhésion):

  • annualiser les disciplines à faible horaire (enseignements artistiques)

  • proposer des temps forts chaque semaine ou trimestre, ou des semaines thématiques, sur la base de deux emplois du temps, un classique, un autre plus adapté pour ce projet d’immersion, d’intensification, de bains

  • organiser deux rentrées, une en septembre, une autre en février, avec des organisations horaire complémentaires, voire des groupements différents d’élèves, pour répondre aux dangers des doublements prévisibles.

  • ¨traiter différemment la fin d’année, qui part trop souvent en quenouille, compte tenu de la désorganisation des examens pour certains niveaux.

    proposer des temps choisis pendant la pause méridienne

    rassembler les élèves en équipes diverses et selon des rôles complémentaires

  • réserver 10% de l’horaire global à des modules transversaux ou interdisciplinaires

 

Rien de tout cela n’est nouveau en soi, il ne s’agit pas de cela ; mais bien de poser la question : en quoi notre organisation scolaire s’ajuste aux besoins de nos élèves et aux objectifs que nous nous fixons ? Le suivi attentif de ces expériences a montré qu’en faisant jouer cette variable, nous touchions par effet-système les autres domaines : non seulement, la répartition des espaces, le mode de groupement des élèves, mais aussi des domaines professionnels tels que les modalités d’évaluation des temps partagés, la cohérence des curricula.

 

Dans tous les cas, il y aura possibilité de dispositifs et inventivité retrouvée ; c’est assurément une question de pilotage partagé. Mais qu’est-ce qui déclenchera le changement ? Le projet, la prescription, la nécessité, l’obligation ?

 


[1] Aniko HUSTI, Le temps mobile, INRP, 1985 et La dynamique du temps scolaire, Hachette Education, 1999, voir le post https://www.francoismuller.net/post/le-temps-mobile-en-%C3%A9ducation



ree

Extrait de la "fabrique de l'accompagnement",novembre 2025 -

disponible sur commande auprès de l'imprimeur (prix net: 40 euros)

La musique du jour

Commentaires


bottom of page