L’École s’ouvre pour préparer ses élèves à leur future et prochaine vie sociale et professionnelle, ce n’est pas nouveau ; c’est une expérience formidable pour les élèves dont ils reparlent plusieurs années après et cela reste une attente de leurs familles. Leur permettre d’aller voir ailleurs pour apprendre, cela reste encore extraordinaire, et pas toujours pensé comme possible et/ou utile pour beaucoup d’enseignants. Question de moyens ou d’objectifs ? Il faut en parler.
Comment mieux préparer les jeunes à apprendre de manière moins « académique » que sur les bancs d’une école grâce à des expériences à l’extérieur du sanctuaire scolaire, hors les murs, dans un musée, dans une ferme, à l’étranger ? Comment faire pour que les exigences des programmes interprétées par les enseignants et les coutumes de l’École s’accommodent de codes régissant par ailleurs la société civile, quand les élèves (et leurs profs) découvrent le monde de l’entreprise ?
APPRENDRE, C’EST ORDINAIRE OU (ET ?) C’EST « EXTRA-ORDINAIRE » ?
Il n’y a que les sorties pour motiver les élèves ; le reste du temps, c’est l’apathie.
Lors d’une information aux enseignants, le professeur responsable du service pédagogique d’un grand musée parisien vantait les mérites du parcours « maths et art contemporain » en s’appuyant sur le côté attractif, une approche en tout cas ludique et différente de celle des mathématiques en classe. Diversifier l’apprentissage des maths en modifiant son « affichage » disciplinaire peut augmenter les performances des travaux d’élèves, alors pourquoi limiter cette approche aux murs d’un musée, loin de l’école ? Dans le retour en classe, le travail dans un atelier « arts » ou encore dans le quotidien du cours peut être une préparation ou un bon prolongement.
Au moment du bilan de la politique de l’éducation prioritaire et du bilan des activités périscolaires en 2017, de nombreux textes ont circulé concernant notamment une dérive activiste de l’école, parfois oublieuse des apprentissages. À multiplier les projets de toutes natures, on mettait presque entre parenthèses le quotidien de l’École ; l’« extra-ordinaire » attractif des projets et des sorties prenait le pas sur l’ordinaire de la classe et la construction des apprentissages. Une arme à double tranchant car, en continuant dans ce sens, nous adressons aux élèves un message ambigu : l’école, c’est mieux ailleurs ou autrement…, mais malheureuse- ment 95 % du temps, ce sont : un enseignant, une classe, des programmes et une manière trop « transmissive » des connaissances.
Une équipe de chercheurs à Nancy ont évalué le dispositif NAP (nouvelles activités périscolaires) dans la réussite des élèves, en ciblant les domaines suivants : les langages pour penser et communiquer ; les méthodes et outils pour apprendre ; la formation de la personne et du citoyen. Il s’agit de mieux connaître les acquisitions des élèves dans les compétences du socle, puis leur réinvestissement dans des activités scolaires et familiales. http://urlz.fr/6vG2 L’enquête montre que les NAP ont pu développer chez l’élève de l’« allant », tels la curiosité, l’enthousiasme ou la vivacité intellectuelle. Par la diversité des activités proposées, ces NAP permettent une « ouverture d’esprit » en donnant l’occasion aux élèves de rencontrer de nouveaux camarades et adultes dans de nouvelles situations d’apprentissage. Il nst nécessaire que l’enfant prenne conscience de ce qu’il fait et de ce qu’il apprend (c’est-à-dire du sens, du contenu et des objectifs des apprentissages effectués).
SORTIR POUR APPRENDRE ENSEMBLE
Une sortie, c’est beaucoup trop lourd en temps, en organisation et en responsabilités.
La sortie pédagogique est assurément une pratique conseillée, plébiscitée par les élèves et les familles, parfois décriée par les enseignants, mais toujours utile pour tous. Rien ne la rend. prescrit dans les textes, elle contribue de façon certaine à élargir l’horizon scolaire, que l’on exerce dans un milieu très urbanisé et dégradé ou dans une petite école rurale isolée. Elle donne à voir que l’on apprend en toutes circonstances ; en changeant l’environnement d’apprentissage, elle permet de mettre en situation et de révéler certaines capacités des jeunes et de mettre à l’épreuve certains savoirs « académiques » de l’École
La fin de l’année, une zone à réinvestir
On évitera la sortie pour la sortie, ou la sortie de fin d’année qui n’a aucun fondement pédagogique, si ce n’est d’occuper des élèves dont on ne sait que faire quand le programme est bouclé ! Il y a là une réflexion en établissement à mener sur la restructuration des trois dernières semaines de l’année scolaire en fin de troisième et en fin de seconde pour établir un pont avec la rentrée suivante : par exemple préparer les élèves aux orientations décidées, organiser des préparations plus efficaces aux examens, tester un emploi du temps plus mobile… Innovons dans cet espace- temps, au profit de tous !
Faire sa check-list pour partir
Comme toute autre activité pédagogique, la sortie ressort d’un projet, d’objectifs, d’une planification et d’une organisation spécifiques : pour quoi, avec quoi, comment ? Elle est une modalité de l’enseignement ordinaire. Ce qui peut la rendre extraordinaire, c’est sa rareté, et cela dépend en partie de vous. La ramener dans le champ de l’ordinaire, c’est lui assurer un traitement égal à celui que vous réservez à vos propres cours.
Sauf que la sortie pédagogique a un impact sur l’organisation de l’établissement et la vie scolaire. Elle nécessite alors une préparation logistique un peu plus lourde que d’autres activités plus « classiques ». Pour vous aider, nous vous proposons la check-list suivante.
Élaboration du projet :
❏ La sortie s’inscrit dans la programmation annuelle des séquences.
❏ La sortie est en cohérence avec les programmes.
❏ La sortie est en cohérence avec le projet d’établissement ou de classe.
❏ Les élèves ont été informés tôt de la sortie (motivation entretenue) et peuvent prendre part, tout ou partie, à son organisation.
Organisation logistique :
❏ La réservation du créneau horaire est faite.
❏ La réservation du moyen de transport est faite.
❏ L’autorisation administrative a été remplie et signée.
❏ La sortie a reçu l’aval du conseil d’administration (cas des voyages).
❏ Les élèves ont TOUS rendu l’autorisation parentale dûment complétée. Et en 2021, un pass sanitaire pour fréquenter les lieux publics.
❏ La participation individuelle aux frais a été collectée.
❏ Tous les élèves concernés par la sortie participent.
❏ La vie scolaire est prévenue.
❏ L’encadrement adulte est suffisant (1 pour 13 dans le secondaire, 1 pour 5 dans le premier degré).
❏ Les professeurs restant au collège sont prévenus.
❏ L’aire et l’heure du déjeuner sont prévues.
❏ Les horaires et lieux de rendez-vous ont été reprécisés.
Organisation pédagogique :
❏ Les contenus correspondent à mes attentes disciplinaires dans le cadre d’une activité sous-traitée (sinon, c’est de la récréation).
❏ Les contenus sont adaptés au niveau de mes élèves.
❏ Le type de sortie est adapté aux modes d’apprentissage de mes élèves.
❏ L’intervenant extérieur peut se modeler à l’attente des élèves.
❏ La sortie a été préparée en classe (prérequis). Les objectifs ont été clarifiés en classe.
❏ Éventuellement, la feuille de route (parcours-exploration) est adaptée à la sortie. Les groupes et le mode de travail ont été précisés.
❏ L’exploitation (évaluation) a déjà été prévue et construite.
Au moment de la sortie :
❏ Les consignes de sécurité sont respectées (traversée, trottoirs, trans- ports, etc.).
❏ Tous les élèves participent à un moment ou un autre.
❏ Les élèves ont les moyens ou le temps de souffler un peu.
❏ Les élèves sont responsabilisés, parfois appariés en binômes.
❏ Le professeur est suffisamment disponible.
❏ Les accompagnateurs sont suffisamment informés pour répondre ou régler divers problèmes.
L’exploitation de la sortie pédagogique :
❏ Un bilan de satisfaction est passé « à chaud » avec relevé de décisions.
❏ Les contenus sont réinvestis rapidement en cours.
❏ La sortie peut faire l’objet d’une évaluation dans un devoir.
❏Les leçons sont tirées : les réussites et les problèmes posés lors de la sortie sont abordés.
Demain, la "classe transplantée"
Comments