Où le lecteur fait un détour sur les vingt-cinq manières possibles de terminer un cours pour éviter qu’il ne se fasse surprendre par la sonnerie.
Collègues enseignants, y aurait-il une chance de voir les idées ou questions présentées au long de vos cours prendre tout leur relief et leur sens, s’éclairer et se conclure, au cours des « cinq dernières minutes ». « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! », s’écria le commissaire Broussel, héros récurrent de la série policière télévisuelle des « Cinq dernières minutes » de la vieille ORTF[14]. Cinq minutes où tout se dénoue, les choses s’ordonnancent et se délacent. Sans cette mise en scène de la résolution, tout le reste n’aurait servi à rien et où ne pourrait rester en mémoire, non plus qu’en apaisement.
Replongeons dans les archives de l’INA : nous découvrons presque 50 ans plus tard le concept originel, et tout aussi original à l’ère de la télé-réalité Avant les cinq dernières minutes de leur investigation, en direct, deux candidats enquêteurs s’opposaient dans une course à la résolution de l’énigme du jour, avec possibilité de requestionner les acteurs ! Tout n’était donc pas joué, mais rien n’était clair. Et d’un coup, tout devenait utilement lumineux et marquant.
Nos heures de cours séquencées ne sont-elles finalement autant d’énigmes « policières » à résoudre, où peut se rejouer la scène à la Broussel ? Serions-nous tous des Broussel ? Faisons en sorte d’élaborer d’autres fins pour organiser nos cours, avec un seul souci : raconter la fin de l’histoire, sans quoi leur enseignement précédent serait vain.
En vue de différencier les formes variées suivant lesquelles une phase conclusive peut être établie dans un cours ou une séance, nous vous proposons un inventaire des comportements de professeurs, incluant paroles, gestes et attitudes en fin de cours (avant la sonnerie, ou en raison de la sonnerie), sinon après.
Nous allons faire figurer en marge du texte de gros carrés blancs ; vous êtes ainsi invités à cocher une ou plusieurs pratiques envisagées ici, que vous pourrez expérimenter dans les prochaines séances.
Et après, à la sonnerie ? Les cinq dernières minutes ont une fin
Serait-ce en sonnerie brutale, en sonnerie d’alarme, en sonnerie intrusive ? Aujourd’hui, les établissements sont encore peu nombreux à avoir investi dans cet aspect de l’ergonomie scolaire. Le moment est d’autant plus rude qu’il s’impose à tous. Mais si le professeur ne l’organise pas, il doit prendre la « main pédagogique » sur cet instant où se joue plusieurs fois par jour, tous les jours de la semaine, toutes les semaines de l’année scolaire, la « loi de l’Ecole ». C’est dire l’importance stratégique à s’intéresser à cet « allant de soi », en préparation puis au moment de la « sonnerie ».
a- Avant que les élèves rangent leurs affaires
b-Les élèves ou une partie d’entre eux rangent leurs affaires.
Si malgré tout, les élèves ou une partie d’entre eux rangent leurs affaires et commencent à bouger, la situation peut s’amorcer dans un rapport de force et d’inertie.
On pourrait imaginer qu’une fois, en réaction à ce type de comportement impulsif d’élèves, le professeur lui aussi, à l’instant de la sonnerie, se prépare à partir, presque plus vite que les élèves. Ce serait un sujet à débattre la fois suivante, sur le sens du cours, des échanges mutuels, du respect mutuel et de la relativité du signal de l’organisation. Car, en a-t-on débattu une seule fois, dans la « vie » d’un élève ?
c-Les élèves ont rangé leurs affaires.
Remarques méthodologiques, ultimes et préalables ou rétrospectives et anticipatrices, sinon dissipatrices
Il va de soi que ce qui précède se réfère à une durée fréquente de 55 minutes ; celles-ci donnent un cadre contraignant, trop étendu dans certains cas, mais trop bref dans beaucoup d’autres. Vous gagnerez à explorer le chapitre sur le « temps retrouvé » un peu plus loin. Si les fins des cours doivent être subies, elles gagnent pourtant à être contrôlées.
En premier lieu,on peut réfléchir sur les fins subies : elles sont soit imposées par la sonnerie, soit entraînées par l’effritement de l’attention et devraient être toujours accueillies avec bon sens.
Dans l’un ou l’autre cas, elles peuvent être soit entérinées par le professeur (il accepte aimablement le fait accompli ?). Il peut aussi la refuser et il peut s’en expliquer ou non .Elles peuvent donner lieu à des activités de relance. On voit déjà qu’il y a une petite complexité.
Quant aux fins contrôlées : une phase conclusive, on l’a vu, peut ramasser, relier ou apprécier les éléments successifs ou l’ensemble d’un cours. Il faut toutefois se garder de fausses synthèses ou de conclusions « rhétoriques » (qui ne sont sécurisantes que pour le professeur, lui donnant l’illusion que son enseignement a été cohérent). Rappelons que la phase conclusive pourra être tantôt :
élaborée par le professeur (conclusion de cours, lecture finale)
élaborée par les élèves sur consigne du professeur.
ordonné selon un caractère de clôture (point final à une étude) ou un caractère d’ouverture (sur un cours prochain) ou bien vers des perspectives pour les élèves sans prolongements prévus sur une séance suivante.)
Soulignons encore qu’au cours de la préparation du cours, le professeur aura pu se proposer une ou plusieurs de ces variantes de phase conclusive, ainsi que l’horaire qui leur correspond. Cette phase peut être aussi bien réduite à 5 minutes que plus longue. De la variété encore, en responsabilité !
Le professeur devra de toute façon chercher à obtenir un éclairage ou un point d’orgue qui feraient reprendre aux élèves, dans leurs mots du début du XXIème siècle, « Bon Dieu, mais c’est bien sûr. ». Pourquoi pas ?
Ceci concédé, ne nous-faut-il pas revenir vers la pluralité des méthodes pédagogiques qui peuvent donner des possibilités, des ressources, à notre enseignement au-delà des commencements, des relances et des finitions ?
[14] ORTF : L'Office de Radiodiffusion-Télévision Française (ou ORTF) était un établissement public à caractère industriel et commercial, français en charge du service public de l’audiovisuel, en 1964 et supprimé en 1974 pour laisser la place à un PAF plus diversifié. En gros, celui que l’on connaît actuellement, sans évidemment le câble et la TNT.
[15] Sur la méthodologie de la carte conceptuelle (ou mindmap), voir la page http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf17/0102/ress/doc/p1_fad/cc.pdf et le site de référence http://www.petillant.com/ : La carte conceptuelle permet de représenter et d'organiser de manière graphique l'univers d'un concept tel qu'il est perçu par un individu ou plusieurs. Elle permet de fournir une image plus «parlante» pour l'esprit, quand le langage écrit et parlé atteint ses limites descriptives. Enfin, facilite l'apprentissage et l'appropriation de concepts difficiles et peut permettre de structurer et mettre en lien un grand nombre d'informations.
Elle est constituée de noeuds ou de cellules qui contiennent les concepts. Les liens entre les concepts sont décrits par un texte court et se terminent parfois par une flèche qui donne le sens de la relation entre les concepts.
[16] Exemple cité dans « organiser des formations p. 285
[17] Voir notamment André de Peretti, Recueil de processus et d’instruments d’évaluation formative, éd. INRP- CNDP, Paris, 1981, certains sont reproduits sur le site http://francois.muller.free.fr/diversifier/index.htm
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