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Le numérique, retour à la réalité du terrain (outil ?)


ADAPTER SA PRATIQUE AUX CONDITIONS MATÉRIELLES

 

Si la question du numérique à l'école est d'abord une question pédagogique (insérée dans une question sociale et sociétale plus large), elle n'est rien sans un matériel (et les infrastructures nécessaires) qui permettrait de répondre à des besoins éducatifs à défauts de besoins scolaires.

 

Il ne s’agit pas de tout faire tout de suite, mais de s’adapter à ce qu’il est déjà possible de faire selon les conditions locales. L’équipement numérique nécessaire dans les disciplines au collège et au lycée dépend surtout de la taille des établissements. Les lycées disposent de davantage de crédits et donc de matériels ; lycées et collèges font l’objet de plans d’équipements massifs par les collectivités territoriales. Le travail auto- nome des élèves peut ainsi être plus approfondi. Vaste champ d’expérimentation pour les pratiques, quand les portables fonctionnent. Entretiens et SAV sont des questions sensibles qui fragilisent les pratiques.

Quels sont les temps impartis au numérique ?

Il est nécessaire de distinguer clairement deux moments de ces activités.

 

Le temps de classe pour intégrer le numérique dans son cours au même titre qu’un autre auxiliaire pédagogique. La dotation de portable par élève rend l’usage possible au même titre qu’un manuel (souvent numérique à présent) et permet de produire, partager.

 

Le temps hors de la classe au cours duquel l’élève poursuit un travail amorcé en classe (réseau ou clé USB ou lecteur MP3), reprend et améliore une tâche ou réalise de manière entièrement autonome un travail, seul ou au sein d’un groupe. Celui-ci est beaucoup plus difficilement mesurable et est fonction des capacités matérielles de l’établissement. Cet apprentissage de l’autonomie est bien sûr privilégié au lycée.


Faut-il un lieu spécialisé ?

 La salle informatique. Une salle spécialisée comporte huit à douze ordinateurs en monoposte ou en réseau (un ordinateur pour deux élèves), une imprimante en réseau ou deux à trois imprimantes (dont une couleur, de préférence). Un nombre croissant de machines multimédia doit être envisagé. La salle permet d’accueillir de seize à vingt élèves travaillant en binôme. Les réseaux à présent rendent possible de reprendre une tâche sur tout autre ordinateur de l’établissement. La salle « informatique » devient obsolète1.

 

Une salle de travail autonome ou le CDI. Le nombre d’ordinateurs qui l’équipent (en monoposte ou en réseau) est fonction de la capacité de l’établissement. Les machines peuvent y être de nature variée (selon les tâches) ; la connexion Internet est indispensable. Ce site peut être localisé dans le CDI de l’établissement. L’évolution actuelle tend à l’intégrer au réseau général de l’établissement, pour pouvoir retrouver ses travaux sur tout poste dans l’établissement ; on évoque alors les « learning center » ou les 3C (centre de connaissances et de culture). La question du bridage de l’Internet reste d’actualité ; youtube et réseaux sociaux ne sont pas tolérés dans la plupart des cas. Et les élèves comme vous-même savez déjà comment contourner cela.

 

L’ordinateur dans la classe. L’ordinateur (de un à huit postes) est de plus en plus présent dans la classe, de l’unité à plusieurs postes, même en primaire, et est utilisé comme tout autre outil pendant le cours, par les élèves ou le professeur. L’évolution tend à le connecter à un vidéo- projecteur afin de visualiser toutes sortes d’écran et donc les travaux de l’enseignant et des élèves. Dans le cas d’une dotation individuelle, chaque élève dispose d’un portable, à condition de l’avoir apporté, chargé, de disposer de prise ou d’un bon SAV (un tiers en panne).

 

1.   Pour réaffecter ou dynamiser ce type d’installation, plusieurs solutions proposées sur  Archiclasse https://archiclasse.education.fr/Repenser-la-salle-informatique   

 

La tablette et autres outils nomades, le nomadisme numérique

 Toutes ces questions ne sont plus forcément d’actualité quand votre établissement ou votre classe fait l’objet d’une opération de dotation massive ; plusieurs départements, depuis les Landes en 2002 et les Bouches-du-Rhône ou la Corrèze en 2011, ont mis en place une politique volontariste de dotation des élèves et des professeurs. Des pratiques s’inventent et s’affichent : outre le dossier complet sur Eduscol ☛ https://eduscol.education.fr/103/j-enseigne-avec-le-numerique), on trouve trente idées d’activités avec tablette proposées par Canope 1.

 

Les conclusions de l’IGEN (Inspection générale de l’Éducation nationale) sur l’état des pratiques en Corrèze2, en 2012 restent très actuelles : la tablette, et partant, le nomadisme pédagogique de l’élève, rencontrent des inerties fortes. Les préconisations renvoient les enseignants  à une conduite collective du changement : il ne s’agit pas d’inventer les pratiques mais de les mutualiser au sein d’équipes coordonnées,  soutenues et valorisées ; les espaces de type vie scolaire ou documentation vont connaître des évolutions fortes ; les relations avec les parents    sont plus que jamais nécessaires pour mieux soutenir l’apprenance des jeunes ; chacun d’entre nous, et parents, et enseignants, en ont éprouvé l’expérience durant la période de « continuité pédagogique » en 2020-2021 quand l’école s’est transportée à la maison.

 

 TRAVAILLER AVEC, PAR ET POUR LES ÉLÈVES

Ces toutes dernières années ont été déterminantes, en matière d’équipements domestiques et scolaires. Le niveau de pratique numérique s’est amplifié chez les élèves de manière exponentielle. Et pas forcément grâce aux pratiques scolaires : SMS1, Whatsapp Tiktok, téléchargements (plus ou moins légaux), développement foisonnant de la blogosphère et des  réseaux sociaux ont réintroduit l’écrit et la créativité. Connaissez-vous vraiment vos élèves sur ces points précis ? Que fait l’école de ces compétences non formelles quand la plupart de vos élèves ont le monde dans  leur poche ? L’approche par BYOD (en anglais, « apporte ta propre ressource ») reste encore marginale dans l’univers scolaire1, et explicitement interdite dans la plupart des règlements d’établissement. Elle devient plus qu’intéressante, nécessaire si la question s’intègre à un projet pédagogique structuré autour de la mobilité et de la collaboration. À ce titre, l’apprentissage par l’enquête, la collecte de données et la construction de ressources par les élèves représente un terrain de choix2.

 

Actuellement, dans une classe, on trouve tous les niveaux de maîtrise chez les élèves : beaucoup se perdent encore dans leurs propres fichiers et sont captifs des réseaux sociaux, quand certains sont experts en codage ou html. Cette hétérogénéité est de même nature que celle rencontrée sur des  contenus et des savoirs plus « scolaires ». La question porte non sur le numérique mais bien sur la capacité pour l’enseignant à prendre l’hétérogénéité  comme une ressource et non comme une contrainte.

 

Inverser la pédagogie ou les « classes inversées »

Ces toutes dernières années ont été déterminantes, en matière d’équipements domestiques et scolaires. Le niveau de pratique numérique s’est amplifié chez les élèves de manière exponentielle. Et pas forcément grâce aux pratiques scolaires : SMS1, Whatsapp Tiktok, téléchargements (plus ou moins légaux), développement foisonnant de la blogosphère et des réseaux sociaux ont réintroduit l’écrit et la créativité. Connaissez-vous vraiment vos élèves sur ces points précis ? Que fait l’école de ces compétences non formelles quand la plupart de vos élèves ont le monde dans leur poche ? L’approche par BYOD (en anglais, « apporte ta propre ressource ») reste encore marginale dans l’univers scolaire1, et explicitement interdite dans la plupart des règlements d’établissement. Elle devient plus qu’intéressante, nécessaire si la question s’intègre à un projet pédagogique structuré autour de la mobilité et de la collaboration. À ce titre, l’apprentissage par l’enquête, la collecte de données et la construction de ressources par les élèves représente un terrain de choix2.

Actuellement, dans une classe, on trouve tous les niveaux de maîtrise chez les élèves : beaucoup se perdent encore dans leurs propres fichiers et sont captifs des réseaux sociaux, quand certains sont experts en codage ou html. Cette hétérogénéité est de même nature que celle rencontrée sur des contenus et des savoirs plus « scolaires ». La question porte non sur le numérique mais bien sur la capacité pour l’enseignant à prendre l’hétérogénéité comme une ressource et non comme une contrainte.

 

3. D’après la définition d’Antoine Defise, étudiant, sur le site de Marcel Lebrun http://lebrunremy.be/WordPress/

1.  Voir pratiques et ressources recensées par l’ENS Lyon-IFE sur http://acces.ens-lyon.fr/acces/classe/numerique (pratiques en sciences).

1. Voir les 25 usages du SMS en classe, proposés par Thierry Karsenti, université de Montréal, www.karsenti.ca/25textos.pdf

 

Faire des différences de niveaux des rôles positifs

 La coopération exploite aussi la pédagogie des rôles, avec l’invention du rôle de « dépanneur », par exemple, qui offre quelques ressources1. Pourquoi ne pas envisager des formes de tutorat ou d’assistance quand des enfants ont déjà acquis une certaine aisance dans le maniement du clavier et dans les applications de l’ordinateur ? Ces « ressources humaines numériques » seront profitables à tout le monde. En plus de partager ses habiletés avec les autres, l’élève dépanneur sera valorisé par ses pairs grâce à son implication.

 

FORMER LES ÉLÈVES À L’ANALYSE CRITIQUE   DU NUMÉRIQUE

L’attestation de compétences numériques reste encore une injonction non concrétisée dans mon établissement. Quel est son intérêt ?qui pèsent lourd dans le quotidien des profes- seurs à la suite des atten- tats contre Charlie Hebdo, à Montrouge et à la porte de Vincennes en jan- vier 2015 ou en 2020 dans les dérives complotistes liées à la crise Covid, en direct sur BFM et dans les classes. « Ne pas éduquer les enfants à l’utilisation d’Internet, c’est un peu comme les laisser jouer avec une arme à feu », juge Guillaume Brossard, fondateur de Hoaxbuster2.

 « C’est sûr, le Gouvernement nous ment », « Y en a qui disent que c’était un coup monté », « On ne sait pas qui croire »… Des paroles d’élèves

 Le numérique n’est pas technologique, il est profondément humain, social et même politique, l’actualité nous le rappelle, si nous l’avions oublié. Après un début d’année 2020 où l’intérêt des Français pour l’actualité a atteint son plus bas niveau historique, l’année 2021 marque un revirement. Contrairement aux idées reçues, les jeunes s’y intéressent d’ailleurs beaucoup, comme le souligne une étude du ministère de la Culture : 93 % des 15-34 ans déclarent avoir de la curiosité pour l’information, 15 % se déclarent même « accros à l’information », et seuls 7 % affirment ne pas s’en soucier.

 

La liste des rôles est extraite de l’ancien site ACORES (Association CORrespondance Échanges Scolaires).

D’après Clément Parrot, 22 janvier 2015, http://urlz.fr/6v02 Sur la théorie du com- plot, voir la page http://urlz.fr/2Hlg

 

 Pour guider nos élèves, la maîtrise technique des outils devient aussi nécessaire que les questions de déontologie et les approches didactiques, si on prend au sérieux les conseils suivants, pour soi et pour ses propres collègues :


  • Vérifier son propre niveau de maîtrise en numérique dans tous ses aspects, et à ce titre la certification numérique collège (puis lycée), voir PIX, plateforme en ligne d’évaluation et de certification des compétences numériques, en cours de développement. https://pix.fr/ reste actuel et pratique ; entre autoformation, mise en pratique, co-formation, assistance légère, chacun peut s’y retrouver. Et ce n’est pas un travail supplémentaire, c’est bien partie intégrante de l’activité professionnelle (chapitre 29).

  • Le travail de consultation, de recension, de comparaison des sources doit devenir un acte banal, partagé, qui ne tient pas à de prétendues spécificités disciplinaires, pour être efficace et réflexif chez nos élèves; l’enseignant est à sa juste place quand il demande aux élèves de recouper les sources, et de se méfier des premiers scores du moteur de recherche ; faites choisir un sujet et demandez à quatre groupes de le traiter, puis confrontez les résultats avec eux (chapitre 26).

  • Organiser le débat et confronter les idées : loin du cours magistral, l’enseignant a un intérêt à organiser une confrontation des idées, à faire faire la distinction essentielle entre savoir et croyance, entre preuve et conviction, entre réalité et mythe, en partant du «monde » intérieur des élèves, souvent renforcés en cela par les lectures trop rapides sur Internet, et fascinés par les écrans bleus (chapitre 30).

 

PEUT-ON ÉVALUER LE NUMÉRIQUE ?

Utiliser le numérique à l’école s’inscrit dans les apprentissages fondamentaux de l’enseignant. En partageant les multiples aspects de l’école, le numérique passe de fait aussi sous le joug de l’évaluation scolaire. L’observation des pratiques en la matière montre une certaine formalité et partant, une difficulté à l’intégrer comme des apprentissages de même

« noblesse ».

 

Car il peut agir en révélateur de plusieurs domaines encore très innovants dans les établissements :

des pratiques numériques suffisamment développées dans plusieurs disciplines ; cela a été un des constats premiers des parents et des chefs d’établissement à l’issue du premier confinement en 2020 ;

la coordination d’une équipe en matière d’échanges de pratiques professionnelles et notamment sur l’évaluation (voir les quiz, p. 166) ; les difficultés majeures des lycées pour proposer un PLE (projet local d’évaluation) en 2021 en témoignent.

des pratiques émergentes de l’évaluation par compétences, en discordance avec des notations, montrées dans Parcoursup.

le suivi plus organisé des parcours des élèves, sur un niveau ou un cycle. Les tableaux de suivi de l’élève par compétences en général, et de PIX ici, sont des prototypes de ce que peut représenter une évaluation partagée et suivie par compétences, d’un livret du Socle, toutes choses que ne prennent pas encore en compte les bulletins trimestriels actuels.

 


AUTOTEST : LE NUMÉRIQUE, QUELLE PLUS-VALUE ?

 La pédagogie à l’ère du numérique se questionne comme toute autre pédagogie moins observée par ailleurs.

 Prêt pour la phase d’auto vérification avant lancement ?

 ❏ En quoi ces pratiques sont-elles innovantes ?

❏ Où se situe l’innovation ?

❏ Y a-t-il une plus-value pédagogique ?

❏ Comment mesurer les bénéfices attendus ?

❏ Quelles sont les conceptions pédagogiques sous-jacentes ?

❏ Comment est organisée l’activité de l’enseignant ? de l’élève ?

❏ Quelles modifications sociales, spatiales ou temporelles sont induites par l’introduction du numérique ?

❏ Quelle nécessité préside à l’introduction du numérique dans cette situation ?

 

 La musique du jour


 

 

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