En guise de lecture suivie ou de de retour sur la Terre ferme avant la rentrée, je vous propose une série de posts sur le système scolaire néo-zélandais,
Précautions méthodologiques
Ce n'est ni un récit d’aventures picaresques, ni un guide touristique. Plutôt une peinture en touches pointillistes sur l’éducation, la formation et le changement, réalisée à l’occasion d’une mission de 15 jours, en collaboration avec l’Ambassade de France à Wellington, et l’organisation d’un séminaire d’immersion destiné aux professeurs de français en NZ consacré à l’innovation et à la créativité[1], à l’initiative de Ruth Bourchier,alors « national advisor in french », ma correspondante en NZ, que j’avais déjà rencontrée à Paris. Complétée et actualisée depuis en ligne.
Le regard se veut à la fois interrogatif et intéressé sur une organisation forcément spécifique et particulière (oui, c’est un petit pays, neuf, austral etc..) et une sélection forcément subjective pour tout ce qui peut nous mettre en alerte intellectuelle et professionnelle dans les chantiers actuels pour notre propre organisation scolaire. Nos amis néo-zéd. sont bien plus proches que nous n’osons le penser.
Juste « « l’autre bout du monde », quelque éléments pour (re)trouver ses repères
Encore un « nouveau monde »
Vous pouvez encore découvrir dans un étonnement d’enfant la silhouette d’un volcan, identique à celle que vous n’osiez plus imaginer ; un cône parfait et enneigé, loin de tout et pourtant si proche ; c’est aussi cela la Nouvelle-Zélande, deux grandes iles nées et encore très vivantes (le séisme de Christchurch de décembre 2011 nous le rappelle) de la rencontre des forces tectoniques profondes et telluriques de l’Océan qu’on dirait faussement pacifique.
www.mtruapehu.com; je suis allé dans la montagne et j’ai vu, j’ai descendu, j’ai su….
Cette nature géo-morphologique a une incidence sur les modes de vie ; tout est en construction souple, en bois, peu, très peu de choses en construction durable et ancienne ; les centres villes par exemple sont constituées d’une grande rue (pas une avenue), cernée de part et d’autre part des façades de magasins, en briques, les trottoirs sont couverts (pour protéger de la pluie, non du soleil) ; nous ne sommes pas très loin des villes du Far West américain, tendance 1900 ;
Ce pays reste un pays jeune dans son histoire (officielle), mais aussi à l’écoute des différentes facettes de sa terre : pour un Européen, on y retrouve beaucoup de repères, sans doute fallacieux, et donc de dangers en même temps ; tout est plus grand, plus acéré, plus jeune. Ce contexte, sans être « naturaliste » dans l’âme, est sans doute favorable pour envisager les choses d’une autre manière que par les statuts, les règlements et les devoirs.
En tout cas, il existe des traditions aussi sûres que le pays reste jeune pour une vieille Europe. Celle des pionniers et de leur débrouillardise, on dit là-bas : « number 8 wire »
Number 8 wire est une unité de mesure anglaise entrée dans le lexique culturel de la NZ. Equivalent du fil de 4.0 mm de section dans le système métrique, cela a été le fil de fer le plus utilisé dans le développement de l’élevage et des clôtures.
Dans un registre plus symbolique, Number 8 est employé pour désigner le « kiwi bloke », c’est-à-dire quelqu’un capable de tout faire avec ses mains. Le Museum Waikato[2], à Cambridge, a lancé depuis quelques années un concours de création contemporaine autour du Number 8[3]
Certes, tout ce qui est écrit ici est donc spécifique d’un pays modeste par sa population de 4 millions d’habitants ;jeunes, de culture mixée, comme l’est la Finlande par ailleurs (Paul Robert nous a aidé à la décrypter). Cependant, toute spécificité n’interdit pas de mieux connaitre, d’étudier en conscience la validité et la cohérence d’un système. A nous de transposer[4]
Une société mixée qui retrouve ses racines
A l’occasion de la Coupe du Monde de Rugby en 2011, une série d’articles et de reportages a donné quelques éclairages sur ce pays du rugby, sans doute à l’excès, ou encore à la caricature ; les réalités sont toujours plus nuancées ;
Voir les quatre reportages de France 2 (Un œil sur la planète, 13 juin 2011) sur http://oeil-sur-la-planete.france2.fr/?page=emissions&id_rubrique=59
Rugby : les valeurs d’un pays ? En Nouvelle Zélande, le rugby est enseigné à l’école. Et ce n’est pas un hasard. Ce sport incarne à merveille les valeurs chères au pays. Le courage, l’intégrité, la persévérance, la modestie et la passion. A trois mois de la coupe du monde, nous verrons pourquoi les All Blacks sont l’espoir et la fierté de tout un peuple.
Fier de ses racines ? En Nouvelle Zélande, pas de débat sur l’identité nationale, parce qu’elle est multiple. Le pays affiche fièrement ses racines maories. Les tribus sont intégrées à la vie politique et économique. Un modèle multiculturel célébré par les Nations unies. Mais les Maoris cumulent encore tous les maux du pays.
Le bonheur est dans le pré ? La Nouvelle Zélande a aussi banni toutes subventions à ses paysans. Aujourd’hui, l’agriculture néo-zélandaise pète le feu et ses exportations inondent le marché mondial. Comment est-ce possible ? Pourquoi ça marche ? Une expérience kiwi aux antipodes des pratiques européennes.
100% pur ? Grande comme le Japon et soumise elle aussi aux tremblements de terre, la Nouvelle Zélande a banni le nucléaire de son territoire. Les 3/4 de son électricité proviennent désormais d’énergies renouvelables. Le développement durable est devenu le credo et le moteur économique d’un pays qui se veut 100% pur.
Depuis le Traité de Waitangii[5] de 1840, les choses ont changé, dans l’affichage officiel comme dans l’ambiance et les rapports entre les personnes. J’ai été frappé de l’omni-présence des devises, slogans ou exergues maoris, comme élément fondateur culturel et politique ; nous sommes très loin des effets de mode ; la scansion maori par les « Pakeha » (les blancs) a changé ; les pratiques langagières sont tout à fait symptomatiques que quelque chose de profond s’est déplacé.
Dans l’espace d’une simple classe de collège, ni plus brillant, ni plus en difficulté que cela, dans l’Ile du Nord, j’ai trouvé cette affichette ; plastifiée : elle met en exergue la « représentation du monde » par la culture maori ; mais adoptée par l’Ecole en Nouvelle-Zélande, nous le verrons plus loin :
He aha te mea nui o te ao ? He tangata, he tangata, he tangata
(Quelle est la chose la plus importante au monde ? Ce sont les personnes, les gens, le peuple)
une interview par Thierry Foulkes
Un état très présent dans un monde anglo-saxon libéral avancé
Je n’oserais me lancer sur un tableau socio-économique de la NZ ; que vous pouvez trouver abondamment en ligne par ailleurs[6]. J’envisagerai la chose du point de vue de la gouvernance dans le domaine de l’éducation, avec l’éclairage expert d’Helen Timperley (professeur à l’université d’Auckland) :
Avant 1989, le système d’éducation en NZ était étonnamment très « français » : centralisé, bureaucratique et cloisonné. Un Ministère de l’Education donnait des instructions accompagnées et contrôlées par l’inspection dans des écoles et établissements en grande majorité publics. Les résultats scolaires pouvaient être très honorables pour une partie de la population, mais subsistait des zones de difficulté scolaire, ou des élèves en situation délicate, et souvent des élèves maoris.
En 1989, le Parlement a voté l’Education Act qui bouleverse l’organisation. Vingt ans de changement continu et de recherche en « développement professionnel » ont fait du système néo-zéd un système performant[7].
Quelques repères dans l’éducation
Des orientations du ministère mais des établissements scolaires autonomes dirigés par des conseils de gouvernance
Un niveau élevé dans l’autonomie scolaire ; les établissements sont responsables de la plupart des opérations (curriculum, formation, recrutement, évaluation)
La plupart des établissements sont des établissements d’Etat non religieux
Une régulation nationale : Des obligations dans le cadre d’un ensemble de régulations assez souples comprenant un curriculum national (NZC)
Des compétences-clé (c.à.d. penser, se diriger, entrer en relation avec les autres)
Des domaines d’apprentissage (c.à.d. Anglais, Mathématiques)
Des obligations contrôlées par une autorité indépendante (ERO)
Le « développement professionnel » des enseignants :
on attend des établissements qu’ils offrent un développement professionnel aux enseignants
Le développement professionnel est financé à l’échelon national pour la litératie, la numératie, l’évaluation et les technologies de l’information et de la communication
La participation se fait sur une base volontaire .
Un nombre croissant de ressources pour les enseignants c.à.d. guides, sites web.
Aucune exigence pour enseigner d’une manière particulière
Une série d'épisodes consacré au système d'éducation en NZ
La musique du jour
[1] Cela a donné l’occasion d’un écrit en écriture dynamique sur les principes et les réalités de l’UNCONFERENCE, mis en place pour la circonstance.
[4] Il faudra pardonner la qualité de la traduction des textes ; nous préférons donner une version littérale et peu littéraire pour l’instant,, d’autant que certains concepts sont difficilement traduisibles, comme par exemple celui, central, de « learning » ou encore de « review ».
[5] Voir l’article sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Waitangi
[6] A partir du portail NZ sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Nouvelle-Z%C3%A9lande
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